Chers amis mélomanes,
savez-vous que c'est la 6e saison Chambre à part de musique de chambre à Lille ?
et que nous fêterons notre 100e concert en juin ?
le programme 2012-2013 est varié, passionnant, riche, oserons-nous dire superbe ?
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Liberté = vous venez 6 fois ou bien 3 fois à deux, ou 2 fois à trois... c'est 'Liberté'
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pour débuter le dimanche 30 septembre à 11h à l'Auditorium du Conservatoire de Lille, un "Menu français"
Pierre Menu Sonatine pour Quatuor à cordes
Jacques Veyrier Trio pour 2 violons et alto
Reynaldo Hahn Quintette pour piano et cordes en fa mineur
Agata Majka piano, Olivier Lentieul violon, Annabelle Bertomé-Reynolds violon, Paul Mayes alto, Jacek Smolarski violoncelle
tarif 10€ le concert, tarif réduit 6€ pour les demandeurs d'emploi et 12-25 ans, abonnement Liberté 6 concerts/ 48€
réservations : lesamischambreapart@orange.fr ou +33 607 626 125
toute l'équipe de Chambre à part vous attend dimanche 30 septembre
Ambre Chapart
Programme détaillé :
Les chefs-d’œuvre de Franck, Debussy ou Ravel devaient stimuler un engouement des compositeurs français pour le quatuor à cordes, dans la première moitié du xxème siècle: Roussel, Fauré, Emmanuel, Roger-Ducasse, Koechlin, Schmitt, Durey, Honegger, Sauguet et beaucoup d’autres écriront pour cette formation des créations trop souvent négligées. Parmi ceux que l’obscurité du temps semble avoir le plus définitivement recouverts, une p lace particulière doit être accordée à Pierre Menu, jeune compositeur de grand talent, disparu précocément en 1919, âgé de 23 ans. L’éditeur Jaques Durand écrit dans ses souvenirs : “Ce dernier terminait ses études au Conservatoire, tout en prenant les conseils de Roger-Ducasse, qui me pria d’entendre une Sonatine pour instruments à cordes de ce jeune auteur, l’œuvre lui semblant digne de publication.( ... ). Cette sonatine me plut par ses qualités de charme, d’équilibre et de proportion. Les préférences esthétiques de Pierre Menu s’affirmaient dans son œuvre; mais c’étaient de bonnes références traditionnelles. L’ambiance du modernisme s’y reconnaissait aussi, tempérée toutefois par un profond sentiment musical. L’Andante, surtout, d’une sensibilité très personnelle, faisait bien augurer de l’avenir de l’auteur( ... ). A quelque temps de là, une mauvaise grippe l’enlevait à l’affection des siens et de ses amis.”
La personnalité de Pierre Menu, sur laquelle n’existent que de rares témoignages, nous est connue aujourd’hui grâce à l’inlassable curiosité du musicologue Frédéric Robert qui précise dans son article “Sur le quatuor en France entre les deux guerres” : “Seule œuvre gravée à ce jour de Pierre Menu, la Sonatine pour quatuor était en fait son premier quatuor - le deuxième ayant été achevé, contrairement au troisième ... Le titre de Sonatine appliqué à un quatuor nous semble révélateur d’une démarche dans le sens d’un resserrement extrême”. De fait, la Sonatine de Menu, dédiée à son “cher maître Roger-Ducasse”, est comme le condensé en trois brefs mouvements, de l’esprit du quatuor français d’après Debussy: le caractère modal, la richesse harmonique, l’élan rythmique, le mélange de clarté et d’instabilité formelle, la fraîcheur poétique, montrent chez un jeune musicien si prometteur, la parfaite assimilation d’une tradition à son apogée.
C’est précisément au Conservatoire de Lille que Jacques Veyrier a débuté ses études musicales sous la direction de Robert Lannoy. Il les a poursuivies au Conservatoire de Paris dans la classe de contrepoint et fugue de Simone Plé-Caussade, puis chez Darius Milhaud et Roland-Manuel. Aprés avoir dirigé le Conservatoire de Boulogne-sur-Mer pendant 35 ans il se consacre essentiellement à la composition.
C’est à la demande d’Olivier Lentieul que Jacques Veyrier écrit ces trois mouvements pour deux violons et alto, le répertoire pour cette formation sans violoncelle étant fort limité. Le compositeur écrit à propos de cette commande : “D’une structure classique ces trois mouvements s’efforcent, tout en variant les registres, d’obtenir une sonorité pleine en évitant de se limiter à l’aigu, propos rendu difficile par l’absence de violoncelle.”
Reynaldo Hahn a connu un succès très grand de son vivant, mais le temps qui passe ainsi que les goûts et les moeurs qui évoluent, ont laissé tomber dans l’oubli celui qui a tout de même édifié une oeuvre considérable.
Né en 1874 à Caracas, d’un père allemand, et d’une mère espagnole, ce n’est qu’à l’âge de 4 ans, ses parents s’étant installés à Paris pour des raisons à la fois commerciales et politiques, qu’il apprendra le français.
Très jeune, le petit Reynaldo montre des dispositions étonnantes pour la musique. Doté d’une mémoire fantastique, il était capable, vers l’âge de 6 ou 7 ans, de jouer par coeur des fragments entiers d’Offenbach, très à la mode à cette époque, pour la plus grande joie des hôtes de la princesse Mathilde.
Entré au Conservatoire de Paris à 10 ans, il fait tout suite la conquête de son maître, Jules Massenet, stupéfait de voir les dons mélodiques du jeune garçon.
Mais la composition, principal intérêt de Reynaldo Hahn, n’est pas le seul. Outre ses capacités de pianiste, il était doté d’une voix de baryton léger avec laquelle il pouvait, des soirées entières, chanter de mémoire, non seulement ses mélodies, mais celles de Gabriel Fauré, de Gounod, de Massenet ou de Berlioz. De nombreuses caricatures de l’époque nous le montrent au piano, en frac, la cigarette aux lèvres, chantant en s’accompagnant.
Reynaldo Hahn a été aussi un très bon chef d’orchestre, spécialement mozartien, dirigeant à 32 ans Don Giovanni au Festival de Salzbourg, avant de devenir, dans les années 30, un chef attitré de l’Opéra national, dont il assurera la direction entre 1945 et 1947.
Mais ce n’est pas tout ! La connaissance qu’il avait des musiques les plus diverses était telle qu’il a pu faire une carrière de critique musical (il était titulaire du Figaro de 1933 à 1939), de conférencier et de musicologue : il est l’auteur de 4 livres où il exprime ses idées dans une langue impeccable.
Dans son journal intime, avant la première guerre mondiale, Reynaldo Hahn érigeait en théorie son goût pour le mélange du piano et des cordes. Pour lui : “La musique de chambre sous forme de simple quatuor à cordes est foncièrement incomplète ; c’est une combinaison qui exclut la souplesse ; chaque partie est une assise. En admettant que l’une de ces parties mette dans l’ensemble une mobilité fugitive, ce ne sera jamais qu’un chant accompagné ; si deux parties s’émancipent, ce sera un duo accompagné ; trois, et il n’y aura plus assez de basses ; et si les quatre se meuvent ensemble il finit pas en résulter de l’instabilité”. A la fin de sa vie, pourtant, il semble pressé de relever le défi qu’il s’est fixé lui même, en composant plusieurs grands ouvrages pour quatuor à cordes.
Le Quintette pour piano et cordes fut, avec la Sonate pour violon et piano, l’œuvre de chambre de Reynaldo Hahn la plus jouée de son vivant. Composé en 1921 et créé l’année suivante à la Salle Gaveau à Paris par la pianiste Marguerite Vaudilliers et le Quatuor de Gaston Poulet, cet ouvrage de Reynaldo Hahn, avec sa couleur musicale souvent fauréenne, ses harmonies bien pleines et motifs mélodiques insinuants, n’a rien de commun avec les “années folles” exubérantes du Groupe des Six ; nous sommes ici dans la continuité d’une “belle époque” française, nourrie de classicisme. Evoquant le mouvement lent de ce quintette, le critique musical Claude Rostand écrivait : “C’est là, de toute la production de Reynaldo Hahn, la page que je choisirais s’il fallait qu’il n’en restât qu’une”.