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CHAMBRE A PART ... - Page 16

  • Le saxophone aussi !! Jean-Yves Fourneau et son quatuor...

    Chers amis mélomanes,

    Il n'y a pas que les cordes dans la vie, les saxophones du quatuor Jean-Yves Fourmeau seront là dimanche prochain pour nous le rappeler.

    Un très beau concert de musique de chambre le dimanche 6 février à 11h au Conservatoire de Lille, place du concert.

    Venez écouter les sonorités suaves ou acidulées, douces ou fortes des saxophones ténor, soprano ou baryton. Venez déguster cette nouvelle tranche de musique assez inédite que Chambre à part vous propose. Nous nous retrouverons avec les musiciens à la sortie pour échanger nos impressions autour du traditionnel verre de l'amitié.

    Vous pouvez lire le programme ci-dessous. Un voyage musical au travers de l'histoire de la musique de Bach à Beffa...

    Georg Friedrich Händel Ouverture de la reine de Saba
    Johann Sebastien Bach Prélude
    Martin Romberg The Tale of Slaine
    Karol Beffa Quatuor  (création)
    Maurice Ravel  Boléro
    Georges Bizet Carmen Fantaisie
    Astor  Piazzolla  Night Club 1960
    Tony Murena  Indifférence
    Jerome Kern Smoke gets in your eyes
    Peter Graham Cossack’s dance

    Jean-Yves Fourmeau,  soprano
    Pierric Leman,  alto
    Stephane Laporte,  ténor
    Joel Batteau,  baryton

    renseignements ou réservations : lesamischambreapart@orange.fr    tel. +33 (0) 607 626 125

    Ambre Chapart

     

    Saxophones.JPG

     

    Georg Friedrich Händel est né à Halle en Saxe. Après un séjour de trois ans en Italie, il s’établit définitivement en Angleterre, devenant britannique par naturalisation. Virtuose à l’orgue et au clavecin, il réalisa dans son œuvre une synthèse magistrale des traditions musicales de l’Allemagne, de l’Italie, de la France et de l’Angleterre. Inventeur de l’oratorio en anglais, dont il est un des maîtres incontestés, Händel conserve une notoriété active pendant tout le XIXe siècle, période d’oubli pour la plupart de ses contemporains.

    L’influence de Johann Sebastian Bach est majeure dans le développement de la musique occidentale : c’est un musicien complet qui maîtrise la facture des instruments, la technique instrumentale, la composition, l’improvisation, la pédagogie, et la gestion d’une institution musicale. Localement connu de son vivant comme organiste et improvisateur, sa musique est rapidement oubliée après son décès, car passée de mode. Dispersée et en partie perdue, son œuvre est redécouverte au XIXe siècle et aujourd’hui, Johann Sebastian Bach est considéré comme le plus grand compositeur du style baroque, dont il symbolise l’apogée.


    Martin Romberg est né à Oslo en 1978. Il étudia la composition avec Michael Jarrell et la musique de film avec Klaus Peter Sattler à l’Université de Musique de Vienne, en Autriche. Romberg vit à Paris, travaillant principalement dans le domaine de l’art fantastique : ses dernières œuvres sont fondées sur les légendes populaires et la littérature fantastique. “L’histoire nous a donné la clé de notre humanité commune par la mythologie : des analogies spirituelles sous forme de contes de fées qui nous permettent de communiquer au delà du temps et des frontières nationales. Je crois qu’il y a un grand potentiel pour une musique classique forgée à partir de la recréation des mythes dans le monde actuel.”

    D’origine polonaise, Karol Beffa est né à Paris. Il débute acteur entre sept et douze ans : “Comme j’étais assez turbulent, une institutrice avait suggéré que je prenne des cours de théâtre. Mon troisième téléfilm a été celui de Mozart et ce feuilleton m’a donné envie d’être compositeur.” Parallèlement à ses études musicales (titulaire de sept prix du CNSM de Paris), il est reçu 1er à l’École Normale Supérieure, il étudie l’histoire, l’anglais, la philosophie ainsi que les mathématiques (il est diplômé de l’École Nationale de la Statistique et de l’Administration Économique)... Depuis 1998 il enseigne à la Sorbonne et a été nommé en 2003 Maître de Conférences à l’École Polytechnique et à l’École Normale Supérieure en 2004. “A posteriori, je regrette beaucoup d’avoir arrêté le théâtre et le cinéma. Si aujourd’hui un metteur en scène me proposait de faire un film ou de monter sur les planches, je n’hésiterais pas une seconde…”


    Avec son aîné Claude Debussy, Maurice Ravel fut la figure la plus influente de la musique française de son époque et le principal représentant du courant dit impressionniste au début du XXe siècle. Caractérisée par une grande diversité de genres, la production musicale de Ravel, modeste en nombre d’opus, est le fruit d’un héritage complexe s’étendant de Couperin et Rameau jusqu’aux couleurs et rythmes du jazz et d’influences multiples dont celle, récurrente, de l’Espagne. Reconnu comme un maître de l’orchestration et un artisan perfectionniste, cet homme à la personnalité complexe ne s’est jamais départi d’une sensibilité et d’une expressivité qui lui firent évoquer dans son œuvre à la fois les jeux les plus subtils de l’intelligence et les épanchements les plus secrets du cœur.

    Issu d’une famille de musiciens, Georges Bizet présente très tôt des dons exceptionnels pour la musique. Il entre au Conservatoire de Paris à l’âge de neuf ans, et remporte le prix de Rome, passant ensuite cinq ans en Italie. Les Pêcheurs de perles sont représentés dans l’indifférence en 1863, malgré les qualités évidentes qui assurent à l’œuvre sa pérennité. Heureusement à l’abri des soucis matériels depuis son mariage avec Geneviève Halévy, la malchance poursuit Bizet dans les années 1870, déjà marquées par la guerre. Composés en 1872, son opéra Djamileh est un échec et L’Arlésienne, musique de scène pour la pièce d’Alphonse Daudet, ne connaîtra le succès que plus tard. Miné par une maladie de coeur et des rhumatismes, lorsqu’il commence à travailler à son seul grand succès universel, Carmen, il meurt en 1875, au soir de la trente et unième représentation.


    Né à Mar del Plata (Province de Buenos Aires), Astor Piazzolla passe une partie de son enfance à New York, où son père va lui acheter son premier bandonéon à l’âge de huit ans. De retour en Argentine, il commence à jouer dans l’Orchestre d’Anibal Troilo avant de monter son propre orchestre. Par la suite, il obtient une bourse pour étudier la composition avec la pédagogue Nadia Boulanger à Paris. Avec des œuvres révolutionnaires comme Adios Nonino, il fait évoluer la direction du tango instrumental, ainsi que celle du tango chanson avec la Balada para un Loco, sur des paroles d’Horacio Ferrer, poète et ami avec lequel il collaborera une dizaine d’années. Un des plus grands musiciens du XXe siècle, Piazzolla hausse le Tango au rang des musiques cultes, en amener la musique populaire vers le classique, le contemporain, le jazz, et même la pop.

    Accordéoniste virtuose, d’un jeu tout en finesse et d’une rare élégance, Antonio Murena dit Tony Murena, est né en Italie en 1917. En 1923, sa famille émigre en France et s’installe à Nogent sur Marne. Il s’initie très tôt aux sonorités de l’accordéon et commence à “faire les bals” dès l’âge de 9 ans, après que son oncle lui ait offert un accordéon chromatique. Il s’initie au bandonéon en 1932 et intègre ainsi orchestres de tango de l’époque de Rafaël Canaro et d’Eduardo Bianco. En 1949 il achète un dancing rue de Courcelles, Le Mirliton, où il accueil Stéphane Grappelli et Django Reinhardt. En 1958 il fonde l’Orchestre Musette de Radio-Luxembourg avec Marcel Azzola, André Verchuren et Louis Ledrich. Par la suite, il cédera comme beaucoup d’autres accordéonistes à la mode du musette “populaire” et commercial. Il faut bien vivre...

    Jérôme Kern étudie la musique à New York, sa ville natale, et à Heidelberg et se rend très vite célèbre en composant des comédies musicales dont l’une des plus célèbres reste Show Boat (créée en 1927 à Broadway). Un des premiers à avoir su intégrer les traditions européennes aux nécessités hollywoodiennes, Jerome Kern sera rapidement considéré comme un novateur à l’égal de George Gershwin et Irving Berlin. Ses importantes connaissances musicales lui permettront de moderniser les schémas traditionnels hérités de l’opérette viennoise. Rapidement propulsé au rang de compositeur-vedette, ses refrains seront immortalisés par les plus grands noms du cinéma hollywoodien : parmi eux, Fred Astaire deviendra un de ses interprètes privilégiés.

    Peter Graham est né dans en Ecosse. Il découvre la musique avec ses parents qui lui donnent des leçons de piano et de cuivres. Il étudie la musicologie à l’Université d’Edimbourg avant de poursuivre des études de composition avec Edward Gregson au Goldsmiths College, Londres. Il a travaillé régulièrement comme arrangeur pour la BBC : se spécialisant dans la composition pour fanfare, il est réputé comme arrangeur exceptionnel pour ensembles de cuivres. Peter Graham est professeur de composition à l’Université de Salford. Il a occupé le poste de Directeur Musical du célèbre Black Dyke Band et a été le premier civil nommé compositeur en résidence des  Coldstream Guards.

     

     

  • Les variations Goldberg

    Chers amis mélomanes,

    Les variations Goldberg, partition culte de Jean-Sébastien Bach, dans une version en trio à cordes ce dimanche 16 janvier 2011 à 11h au Conservatoire de Lille, place du concert.

    La transcription est due au grand violoniste russe Dmitry Sitkowetski, qui est aussi venu jouer La Truite pour chambre à part il y a deux ans...on s'en souvient.

    Johann Sebastien Bach    Les Variations Goldberg
    arrangement pour trio à cordes par Dmitry Sitkovetsky

    Thierry Koehl  violon  
    Claudine Legras  alto
    Matthieu Lejeune  violoncelle

    Dois-je encore vous dire que ce concert n'est à manquer sous aucun prétexte...

    Toute l'aquipe de Chambre à part vous attend donc et vous invite à rencontrer les musiciens autour d'un verre à la fin du concert.

    renseignements et réservations : lesamischambreapart@orange.fr ou +33 607 626 125

    le programme détaillé présenté par Paul Mayes ci dessous

    venez nombreux, amenez vos amis et voisins...

    Ambre Chapart

    JS Bach.JPG  Les Variations Goldberg, portant le numéro 988 dans le catalogue BWV, furent composées par Bach au plus tard en 1740  et constituent la partie finale - et la clef de voûte - de la Clavier-Übung publiée à Nuremberg par Baltasar Schmidt. Elles représentent aussi un des sommets de la forme « thème avec variations », et une des pièces les plus importantes écrite pour clavier. L’œuvre est d’une richesse extraordinaire de formes, d’harmonies, de rythmes, d’expression et de raffinement technique, le tout basé sur une technique contrapuntique inégalable.
    Elles inaugurent la série des œuvres monothématiques et contrapuntiques des dix dernières années de la vie de Bach. Le manuscrit autographe de la main de Bach n’a été découvert qu'en 1974 en Alsace : parmi les additifs et corrections, Bach a ajouté une série de « quatorze canons sur les huit premières notes fondamentales de l’Aria», dont le principe se retrouve dans ses œuvres plus tardives, telles que l’Offrande musicale et L’art de la fugue.
    Bach a destiné les Variations Goldberg au clavecin à deux claviers, l’usage fréquent de croisements de mains rendant leur interprétation difficile sur un seul clavier.
    Selon la tradition, elles furent commandées au compositeur par le Comte Keyserling. Bach était en voyage à Dresde en novembre 1741, et on peut soupçonner qu’il ait présenté au Comte Keyserling une copie des Variations Goldberg qui venaient d’être imprimées. Peut-être Johann Gottlieb Goldberg, l’apprenti claveciniste et élève extrêmement doué de Johann Sebastian et de Wilhelm Friedemann Bach a-t-il joué ces Variations à son maître le Comte pour distraire ses longues nuits d’insomnies.
    Mais cette légende est néanmoins largement contestée aujourd’hui, du fait de l’absence de dédicace au frontispice de l’édition de 1741, très en coutume à l’époque, et de l’absence, dans l’inventaire des biens de Bach après sa mort, de traces des riches cadeaux faits par Keyserling à Bach (selon Forkel, une coupe en or remplie de cent louis d’or). De plus, l’âge du jeune Goldberg nous laisse penser qu’il est très peu probable que lors de la composition, qui daterait au plus tard de 1740, Bach ait songé aux talents de son élève, tout juste âgé de 13 ans. Il vaut sans doute mieux attribuer ces “exercises pour clavier” à une initiative personnelle du compositeur.
    A partir de l’Aria introductive, une sarabande lente et ornée, et fondée sur le motif de basse très répandu de la “gagliarda italienna” (gaillarde italienne), Bach crée un immense univers en développement, qui regroupe de nombreux styles musicaux : Canons, fugues, gigues, chorals ornés. Ce développement se compose de trente variations, séparées en deux grandes parties de quinze variations, la seconde partie commençant par une ouverture. Après ces trente variations dans lesquelles Bach emploie tous les moyens imaginables pour partir du même point et pour revenir au même point (chaque variation correspond à une mesure de l’Aria), il clôt le cycle par une réitération de l’Aria. Le nombre de mesures et la tonalité des mouvements (Aria, 30 variations, Aria da Capo) concordent, la relation est parfaite, ce qui était très important pour Bach.
    En plus de la division en 2 parties de quinze Variations, elles se regroupent également en 10 ensembles de 3 variations, fournissant pour support une gradation contrapuntique concluante : chaque troisième mouvement est un canon, les intervalles d'imitation montant successivement de l'unisson (dans la variation.3) à la neuvième (variation 27). Au lieu du canon à la 10e prévisible, la variation 30 est un quodlibet qui combine avec fantaisie plusieurs thèmes populaires en contrepoint : Ich bin so lange nicht bei dir gewest, rück her, rück her (“Il y a si longtemps que je ne suis plus auprès de toi, rapproche-toi, rapproche-toi”) ; et Kraut und Rüben haben mich vertrieben Hätt’ mein’ Mutter Fleich gekocht, so wär’ ich länger blieben (“Choux et raves m’ont fait fuir, Si ma mère avait fait cuire de la viande, je serais resté plus longtemps”). La première mélodie était très répandue au XVIIe siècle comme Kehraus (dernière danse), morceau que l’on jouait pour faire comprendre que la soirée se terminait. A l’instar de la Chaconne pour violon solo, ces variations reposent davantage sur la basse continue que sur l’air principal, selon la technique de la chaconne ou du ground anglais.

    Dans la discussion autour des remaniements des œuvres de Bach, les esprits se divisent entre ceux qui y voient une nouvelle facon de voir l’original et ceux qui ne reconnaissent que l’original avec la conviction que seulement la première notation et une interprétation “authentique” peuvent rendre justice à l’œuvre. Mais, avec leur variété s’étendant depuis la parodie en passant par la transcription jusqu’à la pure fantaisie libre, les transcriptions ont souvent été utilisées pour rendre hommage à la musique des autres en projetant sur elles une lumière nouvelle. De la même manière que Bach a remanié sans crainte des œuvres de Vivaldi et d’autres contemporains, Mozart, de son côté, a transposé des fugues de Bach pour trio à cordes.
    Dans sa transcription des Variations Goldberg pour trio à cordes, le violoniste Dmitry Sitkovetsky cherche à éclairer à sa facon le génie de Bach. Les rôles du violon, de l’alto et du violoncelle ne sont pas partagés ici à la manière d’un ensemble à cordes baroque avec une basse continue : les trois partenaires égaux forment les trois registres différents d’un seul instrument.
    Bach a dédié cet Aria avec plusieurs variations “aux amateurs, pour la délectation de leurs âmes”, et c’est dans cet esprit que cette nouvelle version de ce chef d’œuvre absolu doit être abordée.

     

  • Trois quatuors à cordes "nationalistes"

    Chers amis mélomanes,

    Dimanche 12 décembre à 16h à l'auditorium du Palais des Beaux-Arts de Lille, ne manquez pas les quatuors n°1 de trois compositeurs nationalistes. Un grand concert avec entracte (nouvelle formule).

    Zoltan KODÁLY, Quatuor à cordes  no1 en ut mineur, op.2
    Karol SZYMANOWSKI, Quatuor à cordes no1 en ut majeur op.37
    Leoš JANÁČEK, Quatuor à cordes no1 “Sonate à Kreutzer”

    Olivier Lentieul  violon
    Pierre Delebarre  violon
    Paul Mayes  alto
    Stéphanie Mouchet  violoncelle

    venez nombreux écouter ces merveilleux quatuors

    Ambre Chapart

    prix des places 12€, renseignements / réservations lesamischambreapart@orange.fr  ou +33 607 626 125

    Kodaly.JPGLa plupart des musicologues à travers le monde qualifieraient Béla Bartók du plus important compositeur hongrois du 20e siècle, mais pour les hongrois il est dépassé comme patriarche et comme patriote par Zoltán Kodály. Tandis que les six quatuors de Bartók sont une pierre angulaire dans son œuvre, Kodály n’en produisit que deux, qui sont bien moins connus. Personne pourtant n’aurait pu être mieux préparé pour écrire des quatuors à cordes que Kodály. Il commença à jouer du violon à l’âge de dix ans et, quelques années plus tard, il apprit lui-même à jouer du violoncelle, dans le but précis de se familiariser avec le répertoire du quatuor à cordes. Il jouait aussi de l’alto dans une certaine mesure et il ne lui était pas impossible de jouer des trois instruments au cours d’un seul et unique événement.
    Le Quatuor à cordes no1 fut terminé en 1909 et l’œuvre fut créée le 17 mars 1910 à Budapest par le Quatuor Waldbauer qui avait mis un an et 90 répétitions pour l’apprendre par cœur. Certains des critiques de Budapest jugèrent le quatuor trop osé mais Bartôk, un défenseur infatigable de la musique de son collègue, arrangea aussi une exécution à Zurich en mai. En 1911, le Quatuor Waldbauer joua la pièce à Vienne, Amsterdam, Haarlem et Berlin.
    Le premier mouvement commence par un thème folklorique qui semble être présenté ici comme devise pour la composition en entier. Peu avant sa mort cependant, Kodály révéla que la vérité était exactement le contraire : quand il eut pratiquement achevé le mouvement, il remarqua que le premier thème ressemblait beaucoup à une chanson folklorique et sur ce, il ajouta le thème du chanson au début du mouvement. Au fur et à mesure que progressait la composition des autres mouvements, il utilisa le même matériel à plusieurs reprises. Le quatuor peut être décrit comme monothématique, une technique que Kodâly avait peut-être appris de la partition du Quatuor à cordes de Debussy - une œuvre qu’il connaissait si bien que, en 1907, il en écrivit le troisième mouvement de mémoire.
    Ce quatuor, la plus longue des œuvres instrumentales de Kodály, est sur une très grande échelle surtout en termes de structure. Le mouvement lent est une forme tripartite ; il est suivi d’un scherzo rythmiquement chargé. Le finale consiste en variations sur le thème d’ouverture. Il est intéressant d’observer que la quatrième variation fut écrite par la femme de Kodály, Emma Sándor.
    La jeunesse de Karol Szymanowski fut une période de vagabondage motivée par la pauvreté de la vie culturelle d’une Pologne qui était alors répartie entre la Russie, l’Autriche et l’Allemagne. Le compositeur, fils d’un propriétaire terrien assez riche, naquit dans le petit village de Tymoszowka, situé dans la région de Kiew, qui avait été annexée par la Russie lors des divisions de la Pologne au 18e siècle. Bien que Szymanowski suivît une formation musicale à Varsovie, c’est ailleurs qu’il se laissa largement influencer : à Berlin, où en 1905 il co-fonda la Maison d’édition de jeunes compositeurs polonais ; en Italie, où sa façon de vivre fut dionysiaque ; et à Vienne, où il passa les années précédant la première guerre mondiale. Les œuvres écrites au début de sa carrière témoignent d’une profonde connaissance de Scriabine, de Wagner et de Richard Strauss. Ces compositeurs lui servirent de modèles jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par Debussy et Stravinsky vers 1913.

    L’engagement de  Szymanowski.JPGSzymanowski envers la jeune république polonaise se retrouve dans l’intérêt qu’il porta à la musique populaire polonaise qui donna à son style un aspect nouveau voire néo-classique.
    Les années de guerre que Szymanowski passa à Tymoszowka, dans la maison isolée de ses parents, furent vouées à l’étude de la culture islamique, préchrétienne et à celle de la Rome ancienne, ce qui donna la coloration mystique de la troisième symphonie appelée La chanson de la nuit.
    Le Quatuor à cordes op. 37, composé à l’automne 1917, représente le retour à la musique instrumentale absolue et montre en même temps son style particulier qui, malgré quelques allusions à Débussy, Schönberg et Bartók, se présente étonnamment indépendante.
    Szymanowski est maître dans l’art de créer un son continu et miroitant à l’aide de techniques telles que les harmoniques, le jeu sur le chevalet, le trémolo ou les glissandi. Des thèmes fixes sont remplacés par des gestes expressifs et le fait de varier la mélodie prend la place d’une construction à base de motifs. Dans le premier mouvement, après une introduction lente, seulement le thème principal a des contours précis, tandis que le thème secondaire se compose d’un mélange de voix extasiées toujours en train de se transformer ; le développement (scherzando alla burlesca) apporte un matériel nouveau : c’est presque un épisode indépendant, qui dévoile comment les fonctions de la sonate peuvent être librement réinterprétées avec esprit et fantaisie.
    Le mouvement lent révèle combien le compositeur pouvait présenter sa mélodie avec éclat, avec un clair-obscur de texture et d’harmonie qui, malgrè les transitoires moments plus sombres et plus poignants, n’obscurcit jamais le fil lyrique, merveilleusement simple, de l’ensemble
    Ce quatuor quelque peu déséquilibré se termine par un mouvement burlesque au rhythme furieux et dont chaque voix joue dans sa propre tonalité. En effet, il agissait, à l’origine, du scherzo d’une oeuvre en quatre mouvements avec une fugue en tant que finale, mais en automne de l’année 1917, dans la confusion de la révolution russe, le domaine de Tymoszôwka fut réduit en cendres et Szymanowski tomba dans une période de grande dépression pendant laquelle il n’écrivit pas une seule note. Ce fut seulement en 1924-5 que Szymanowski décida d’en faire un quatuor en trois mouvements.

    Les deux quatuors à cordes de  Janacek.JPGLeoš Janáček ont pour thème commun l’éternel dilemme des relations sentimentales humaines, oscillant d’une part entre le désir et une idée belle mais malheureusement souvent irréelle - et d’autre part la réalité posant au sentiment naturel de nombreux obstacles sous forme de conventions sociales. Ces deux morceaux sont d’une manière toute particulière à programme et leur déclaration concrète et leur expression suggestive en découlent.
    Le Premier quatuor “D’après la Sonate à Kreutzer de Tolstoï” fut écrit tres vite, du 30 octobre au 7 novembre 1923. Puis Leoš Janáček détruisit les ébauches du trio pour piano qu’il écrivait depuis 1909 sur le même thème il avait donc en tête depuis longtemps le thème de cette nouvelle de Tolstoï. Le Quatuor tchèque s’est chargé de la création le 17 octobre 1924. « …J’avais en tête une pauvre femme, tourmentée, battue, brisée, telle que l'écrivain russe Tolstoï la décrivait dans sa Sonate à Kreutzer,» écrivit Janáček à son amie Kamila Stösslová. Le Premier quatuor à cordes présente un profond drame psychologique, ce qui par lui-même est tout à fait nouveau dans ce genre.
    Le premier mouvement (exposition du récit tragique) est basé sur le thème principal - celui d’une jeune femme éprise. Ce motif a des affinités génétiques avec les thèmes d’amour de Katia Kabanová. Le motif sinistre de jalousie y apparaît brièvement et Janáček en était obsédé depuis 1894 quand il écrivit La Jalousie, mouvement court envisagé à l'origine comme prélude de Jénufa. Du point de vue forme le premier mouvement a celle d’une sonate librement conçue.
    Dans le deuxième mouvement (péripétie) un dandy, artiste et séducteur, apparaît sur scène. Son violon ainsi que la musique suggestive d’une sonate de Beethoven séduisent fortement l’âme aride de la jeune femme.
    Le troisième mouvement (crise) commence par une citation presque littérale du thème lyrique auxiliaire du premier mouvement de la sonate “Kreutzer” de Beethoven que Janacek rattacha organiquement à son thème du désir ainsi qu’à celui de la jalousie. La crise se développe - la musique agressive de la jalousie et des menaces alterne et s’entrelace avec les tons d’un amour passionné.
    Le quatrième mouvement (catastrophe) commence par le chant doux et désespérément esseulé d’une femme malheureuse. Le motif de surprise' - exprimé par les deux cris laconiques et hautains de l’alto - annonce la fin cruelle du récit: dans le saisissant Maestoso nous entendons aussi des motifs de souffrance de Tarass Boulba - ce sont là des archétypes des idées musicales concrètes de Janáček. C’est une catharsis merveilleusement dramatique avec un effet presque visuel.

     

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