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CHAMBRE A PART ... - Page 14

  • Chambre à part fait son cinéma dimanche 8 mai

    Chers amis mélomanes,

    Qui sait que les compositeurs de musique de film sont souvent des compositeurs dits classiques, dont les oeuvres "sérieuses" sont méconnues ?

    Parmi les très nombreux compositeurs, nous en avons choisi trois, pour leurs compositions de quatuors à cordes : Théodorakis, Rota, Rozsa.

    vous trouverez ci-après les programmes des deux concerts et les biographies des compositeurs, préparés pour vous par Paul Mayes.

    Venez dimanche 8 mai à l'Auditorium du Palais des Beaux-Arts de Lille, à 15h et 17h. Deux concerts différents. Billetterie directement à l'entrée de l'auditorium au sous-sol.

    tarifs : 9€ le concert, 15€ les deux, 6€ (12-25 et demandeurs emploi), gratuits moins de 12 ans

    réservations  lesamischambreapart@orange.fr  ou tél. +33 (0) 607 626 125

    prochain concert le 22 mai à 11h à l'Auditorium du Conservatoire de Lille, concert croisé autour des quatuors et quintettes de Niels Gade, Marie Dare, William Hurlestone...une découverte unique à ne manquer sous aucun prétexte...

    venez nombreux, amenez vos amis à la musique, ils vous remercieront

    Ambre Chapart

     

    Concert de 15 h

    Mikis Theodorakis    Quatuor à cordes no 1 « Le tournant »

    Nino Rota    Invenzioni pour quatuor à cordes

    Mikis Theodorakis    Quatuor à cordes no 2 « Le cimetière »

    Miklós Rózsa    Quatuor à cordes no 1

     

    Quatuor Rhapsode

    François Cantault, Xin Guérinet  violons

    Paul Mayes  alto   Catherine Martin  violoncelle

     

    C’est avec son Quatuor à cordes n°1, écrit à Athènes en quelques jours seulement, du 24 au 28 février 1946, que Mikis Theodorakis aborde pour la première fois la forme la plus classique de la musique de chambre, celle du quatuor à cordes.

    Comme il l’a expliqué lui-même, en 1944 (fin de l’occupation de la Grèce par les troupes de l’axe) et 1945 (début de la guerre civile), deux « tournants » principaux se sont produits dans sa vie. L’un a eu lieu dans sa vie personnelle par sa rencontre et sa relation avec Myrto. Ce « tournant » se réfère à l’endroit dans Nea Smyrni (quartier d’Athènes), où les deux amoureux eurent leurs premiers rendez-vous et qui dès lors devint leur lieu de retrouvailles habituel. Simultanément, l’autre tournant se fit dans sa musique avec l’exploration systématique de la musique de chambre comme forme importante de son expression.

     

    Le Quatuor à cordes n°2 est l’une des nombreuses œuvres musicales de Theodorakis basées sur le poème de Dionysios Solomos : « la Mère folle ». La fascination de Theodorakis pour ce poème durera plus de cinquante ans, jusqu’en 1996, quand il a achevé la seconde version de sa Troisième Symphonie. Depuis 1941, sa patrie fut envahie par la « longue nuit » de l’occupation étrangère. Cette nuit était sur le point de se répéter en 1945 dans la guerre civile.

    L’arrangement pour quatuor à cordes du poème de Solomos fut écrit en 1946 à Athènes et dédié à Argyris Kounadis, un compagnon de la résistance. Utilisant le matériau musical de la première strophe de l’ode de Solomos, il lui a donné le titre “Le Cimetière”. Ce Deuxième quatuor à cordes constitue en fait un seul  « bloc » musical, un Adagio d’une bouleversante expressivité.

     

    La partition des Invenzioni est,avec celle de la Canzona per orchestra da camera, une parenthèse dans le catalogue des œuvres de Nino Rota, toutes deux étant les pièces les moins représentatives du compositeur en termes de forme et de style. Au milieu d’une crise créative, Rota voulait essayer d’autres approches de la composition, et l’influence de son contemporain Gianfrancesco Malipiero est clairement perceptible dans la partition des Invenzioni. L’œuvre a été créée par la Societa`Amici della musica à Milan le 27 mars 1933.

     

    Témoignant de l’effet profond que produisaient sur lui les chants des paysans qui travaillaient sur la propriété de son père en Hongrie, Miklós Rózsa a écrit “C’est ici que commence ma musique et où elle va certainement  prendre fin”. Son attachement aux lignes puissantes et expressives de ces mélodies peut expliquer son attirance pour les instruments à cordes ainsi que pour pour le contrepoint, c’est-à-dire l’art de superposer des lignes mélodiques, pour lequel le quatuor à cordes est idéalement adapté. Les deux quatuors à cordes comptent parmi les meilleures œuvres de Rózsa.

    En 1950, juste après une période de travail intense sur la partition de Quo Vadis et sans doute cherchant à sortit des vastes fresques cinématiques, Rózsa écrit le Quatuorà cordes no1, op.22. L’écriture pour quatuor lui impose la discipline de la forme au même temps qu’elle lui offre l’expression pur. Tout y est un modèle de clarté : dans le premier mouvement, un premier thème lyrique contraste avec un deuxième thème fugué. Le Scherzo all’ongrese évoque les danses paysannes et le mouvement lent déploie un lyrisme romantique et élégiaque. Quant au dernier mouvement, allegro féroce, où les cordes vides des instruments sont utilisées au plus bel effet, on peut distinguer le thème du premier mouvement tissé dans le trame contrapuntique.

    Concert de 17 h

    Mikis Theodorakis    Quatuor à cordes no.4 « Maza »

    Mikis Theodorakis    Quatuor à cordes no.3 « Epoca Nocturna »

    Nino Rota    Quartetto per archi

     Miklós Rózsa    Quatuor à cordes no.2

     

    Quatuor Sirius

    Claire Eeckeman, Frédéric Daudin-Clavaud  violons

    Clarisse Rinaldo  alto   Pierre Joseph  violoncelle

    Sur l’autographe du manuscrit du Quatuor à cordes n°4, queMikis Theodorakis  a composé à Paris entre 1954 et 1956,figure la mention “incomplet”. Comme le célèbre Quartettsatz de Franz Schubert, il n’existe qu’un seul mouvement, et Theodorakis, quand on lui parlait de la partition, disait: “Celle-là a disparu ... ” Et, de la même façon que l’originalité et l’audace du mouvement de Schubert est à l’origine de ses grandes réalisations dans le domaine de la musique de chambre, la partition de Theodorakis est elle aussi d’une audace et d’une originalité stupéfiantes. Rien de ce que Theodorakis avait réalisé jusque-là, ne ressemble à cette composition; il n’y a rien dans la partition qui ne soit pas nécessaire, voire indispensable. Le développement se fait avec une rigueur et une conséquence sans faille; la tension reste permanente; les motifs et les thèmes s’imposent avec la force de l’authenticité et se renouvellent constamment.

    L’œuvre a reçu le titre “Maza”, le nom d’un village en Crète occidentale d’où est originaire la famille paternelle de Theodorakis dont le patriarche était le célèbre joueur de lyre Thodoromanolis, pendu par les Turcs au début du 18e siècle. C’était lui qui a substitué la lyre crétoise (un type de rebec) au violon, et ses chansons et danses sont devenues une partie essentielle de la tradition populaire. Le mot “maza” (masse) a également été inspiré par les masses rocheuses des  Montagnes Blanches. Ainsi, pour Theodorakis, la géographie, l’histoire, la tradition et l’innovation se conjuguent ici pour former une œuvre tout à fait personnelle qui devient un hommage émouvant à l’île de ses ancêtres.

    En décembre 1957 Mikis Theodorakis réalisa une version pour orchestre à cordes de son ode Oedipus Tyrannos sur la base des esquisses faites dix ans auparavant, à la période où il devait se cacher pour échapper à la persécution par la police. Oedipus Tyrannos est une partition introvertie d’une grande intensité qu’il qualifiera comme “le produit d’une solitude absolue, une solitude psychique et spirituelle”. Elle reflète l’élément tragique du personnage du drame de Sophocle, sans être une musique à programme et sans utiliser les thèmes musicaux de façon simplement illustrative. Le but du compositeur a été de créer une atmosphère, grâce à laquelle il pouvait faire le pont entre une tragédie grecque du passé et le présent non moins tragique, trois mille ans plus tard.

    En se réfèrant à l’harmonie de la musique byzantine, Oedipus Tyrannos devient en fait le reflet des épreuves et des tribulations du peuple grec à travers les époques. Sans le vouloir, Œdipe, comme le peuple grec, aveuglé, ruiné, passe d’un mal au suivant, d’un désastre au prochain. Comme dit le compositeur : “Aveugles les yeux, la réflexion, sourdes les oreilles ... La tragédie des Grecs. Notre tragédie.”

    Theodorakis a nommé Epoque Nocturne l’adaptation par Philippe Tsalahouris d’Oedipus Tyrannos pour quatuor à cordes. Il évoque ainsi la nuit qui s’était abattue sur son pays et sur lui-même pendant la décennie de 1941 à 1950 et rappelle également le grand poète chilien Pablo Neruda, lui aussi persécuté et forcé de chercher exil au Mexique et en Europe, qui dans son grandiose Canto General a écrit la ligne : “notre époque nocturne”. C’est ainsi à l’ombre de la potence que Theodorakis a écrit son Quatuor à cordes, tentant ainsi de “transformer la terreur en musique”.

     

    Élève de Pizzetti, puis de Casella, Nino Rota fait sien l’héritage de la “génération des années quatre-vingt”, mais en lui donnant un nouveau cadre, celui d’un monde célébré où tout se recompose avec des mouvances légères, joyeuses, les mêmes que nous trouvons fréquemment chez le compositeur de musiques de film. Ces mouvances, en substance, appartiennent pleinement à cette authenticité parée de tons pastels et aimablement ironiques que révèle la partition limpide du Quatuor à cordes. On pourrait appliquer à cette oeuvre, composée entre 1948 et 1954, ce que Gavazzeni avait écrit du précédent Quintette, évoquant “le flottement de voix d’un Ravel italien, archaïque, intimissimo”, c’est-à-dire cette légèreté qui suscite une fantasie fervente, où s’entremêlent angoisse et ironie (ce thème du Dies irae qui fait une apparition larvée dans l’ultime mouvement) dans le délicieux labyrinthe de ces pages.

     

    Ecrit à Santa Margherita Ligure en 1981, le Quatuor à cordes no 2 de Miklós Rózsa n’est en rien de caractère méditerranéen et marque un contraste notable avec le premier quatuor. Ce quatuor, avec le Concerto pour alto, est sa dernière œuvre de grande envergure. Dans le premier mouvement il n’y a guère de différence de caractère entre les deux thèmes, tous les  deux sont constamment agités par des figures rythmiques. La texture est strictement contrapuntique et les accords qui y paraissent sont d’une dissonance retentissante. Le mouvement lent est en grande partie sombre et austère ; le sous-titre [2 + 2] indique que les instruments jouent par paires, les deux violons ensemble et l’alto avec le violoncelle, jamais les quatre en même temps. Ceci préfigure la tendance tardive de Rósza à réduire tout à une seule ligne. L’humour dans le scherzo à la hongroise est sardonique plutôt que rustique et le caractère du dernier mouvement se reflète dans les indications : risoluto, impetuoso, con fuoco, molto appassionato. Un deuxième thème lyrique apporte un certain soulagement mais l’élan ne faiblit jamais.

     

    Les Compositeurs.

     

    Theodorakis.jpgMíkis Theodorákis est né sur l’île de Chios en Grèce ; son père était originaire de Galata (Crète) et sa mère de Chesmé en Asie Mineure. Il est particulièrement bien connu pour ses chansons (Sto Perigiali, Kaïmos, Une hirondelle…) et ses musiques de film. De 1954 à 1960, c’est à Paris (avec pour professeurs Olivier Messiaen et Eugène Bigot) et à Londres qu’il travaille l’écriture de la musique symphonique, des ballets et de la musique de films. Theodorakis s’est essayé à toutes les formes musicales de la musique de chambre à l’opéra, mais la diversité et la richesse de son œuvre s’étendent également à la poésie, le récit en prose, la philosophie, la musicologie et à l’essai politique.

    Sur le plan politique, il a été identifié avec la gauche jusqu’à la fin des années 1980, mais en 1989, il s’est présenté comme candidat indépendant avec le parti de centre-droit Nea Dimokratia (Nouvelle Démocratie), afin d’aider la Grèce à sortir de la grave crise politique dans laquelle l’avaient plongée les nombreux scandales du gouvernement d’Andréas Papandréou et a aidé à établir une large coalition entre les conservateurs, le PASOK et la gauche. Pour la première fois depuis la guerre civile (1946-1949), le KKE (Parti Communiste Extérieur) a ainsi de nouveau participé à la gestion de l’État. En 1990, Theodorakis a été élu au Parlement hellénique - tout comme en 1964 et 1981 - il est devenu « ministre sans portefeuille auprès du Premier ministre » du gouvernement de Constantin Mitsotakis. Pendant la courte période où il était au gouvernement, Theodorakis s’est battu contre la drogue et du terrorisme et pour la culture et de meilleures relations entre la Grèce et la Turquie. Après avoir été ensuite pendant deux ans (1993-1995) directeur des orchestres et des chœurs de la Radio Grecque ERT, il s'est retiré de la vie publique, mais il continue à faire des déclarations souvent fracassantes, surtout lorsque la paix est en danger. Il s’est toujours opposé à tout régime dictatorial et oppressif et a été le porte-parole mondialement reconnu contre la Dictature des colonels grecs 1967-1974.

     Son succès international dans la domaine de la musiques de film commence en 1957 avec Intelligence Service de Michael Powell et Emeric Pressburger puis Lune de miel de Michael Powell en 1959, dont la chanson-titre entre même dans le répertoire des Beatles. Il poursuit avec Faces in the Dark de David Eady (1960), Le Spectre du chat (de John Gilling (1961), Les Amants de Téruel de Raymond Rouleau, Electre de Michael Cacoyannis, Phaedra de Jules Dassin, le Couteau dans la plaie d'Anatole Litvak (tous de 1962), Zorba le Grec de Michael Cacoyannis (1964), Le Jour où les poissons sont sortis de l'eau de Michael Cacoyannis (1967), Z de Costa-Gavras (1969), Les Troyennes de Michael Cacoyannis (1971), État de siège de Costa-Gavras (1972), Serpico de Sidney Lumet (1973), La Répétition de Jules Dassin (1974), Iphigénie de Michael Cacoyannis (1977) et L'Homme à l'œillet  de Nikos Tzimas(1980).

     

    Nino Rota est né à Milan, dans une famille de musiciens. Il étudia, dès son enfance, au conservatoire de Rota.jpgMilan, sous la direction d’Ildebrando Pizzetti.

    Il acquit une certaine renommée en tant que compositeur et chef d'orchestre dès son enfance, son premier oratorio, L'infanzia di San Giovanni Battista, ayant été par exemple représenté à Milan et à Paris en 1923, alors qu'il n'avait que douze ans.En 1929, il intégra le conservatoire de Santa Cecilia, à Rome, où il étudia sous la direction d’Alfredo Casella.Le chef d’orchestre Arturo Toscanini lui conseilla alors d’aller se perfectionner à Philadelphie (Pennsylvanie). Rota y obtint une bourse d’études au Curtis Institute, où il étudia, de 1930 à 1932, sous la direction de Fritz Reiner (direction d’orchestre) et de Rosario Scalero (composition).

    De retour à Milan, il poursuivit ses études en étudiant la littérature à l’université de Milan. Il écrivit également une thèse consacrée à Gioseffo Zarlino, compositeur de la Renaissance.

    Il s’orienta ensuite vers une carrière d’enseignement de la musique, à partir de 1937, qu’il mena de front avec son œuvre de compositeur, et qui le conduisit à prendre la direction, en 1979, du conservatoire de Bari, qu’il conserva jusqu’à sa mort.

    Rota écrivit ses premières partitions pour le cinéma dès 1933 pour Treno popolare de Raffaelo Matarazzo, puis pour Zazà, 1944 film réalisé par Renato Castellani. Il travailla aussi pour Edgar G. Ulmer, Alberto Lattuada, Henry Cass, Luigi Comencini, Terence Young et Henri Verneuil. Il fit la connaissance du réalisateur Federico Fellini, alors que celui-ci travaillait sur son premier film, Lo sceicco bianco (1952). Ce fut le début de nombreuses collaborations entre le réalisateur et le compositeur, comme pour Les Vitelloni, La strada, La dolce vita. La bande sonore du film Huit et demi est par exemple souvent citée comme un des éléments les plus marquants du film, qui lui donne une certaine « cohérence ». Il est aussi l’auteur de la musique du Satyricon, d’Amarcord et du Casanova de Fellini. Son dernier travail avec Fellini est Répétition d’orchestre (Prova d’orchestra) en 1978, un de ses chefs-d'œuvre. La relation Rota - Fellini a été si importante qu’aux Funérailles d’Etat à Rome auquel Fellini a eu droit, le célèbre trompettiste italien Mauro Maur joua devant une foule immense l’oeuvre “L’improvviso dell’Angelo” de Nino Rota.

    Parmi les partitions les plus célèbres de Nino Rota, citons également celles du Parrain (qui comprend un motif musical proche du thème du Lac des Cygnes) et du Parrain II, réalisés par Francis Ford Coppola, et de Roméo et Juliette, réalisé par Franco Zeffirelli ou celles du Guépard ou de Rocco et ses frères de Luchino Visconti.

    En dehors de ses travaux pour le septième art, Nino Rota a également composé dix opéras, cinq ballets et beaucoup d’autres œuvres instrumentales, dont le Concerto Soirée (pour piano et orchestre) (1962).

     

    Rosza.jpgMiklós Rózsa naît le 18 avril 1907 à Budapest, dans l’Empire Austro-Hongrois. À cinq ans, il commence le violon et se découvre une passion pour la musique. À dix-huit ans, il part faire des études de chimie à l’Université de Leipzig mais, contre l’autorité paternelle, il intègre le conservatoire de musique de cette même ville. En 1930, invité à jouer au festival de Bayreuth, il rencontre le grand compositeur et organiste français Marcel Dupré qui lui propose de donner un concert à Paris. Il y reste cinq ans avant de partir pour Londres où Jacques Feyder lui propose la partition musicale de son film Le chevalier sans armure (1937) avec Marlene Dietrich et Robert Donat. Ainsi commence pour Miklós Rózsa l’une des plus grandes carrières de compositeur de musique de films du vingtième siècle. En Angleterre, il continue à travailler pour Alexandre Korda sur plusieurs productions. En 1939, alors qu’il compose la musique du Voleur de Bagdad la seconde guerre mondiale éclate. Faute de moyens, le tournage est interrompu, mais Alexandre Korda arrive à transférer toute l’équipe à Hollywood où la production sera achevée. Miklós Rózsa poursuit alors sa collaboration avec Korda pour quatre films, dont Lady Hamilton (1942) avec Vivien Leigh et Laurence Olivier.

    Le parcours hollywoodien de Miklós Rózsa se partage en quatre volets  bien distincts. Suite au succès du Voleur de Bagdad, il est d’abord catalogué dans la musique orientale: Le livre de la jungle (1942) avec Sabu et Les diables du Sahara (1943) avec Humphrey Bogart. Puis, il entame sa grande série de drames psychologiques avec Les anges de miséricorde (1943) avec Claudette Colbert et Jennifer Jones, suivi notamment de La maison du docteur Edwardes (1944) de Alfred Hitchcock pour lequel il remporte un premier Oscar, puis un second pour Une double vie (1947) de George Cukor. La troisième partie de sa carrière est dominée par ses compositions pour des films noirs ou policiers, tels que Les tueurs (1946) de Robert Siodmak, La cité sans voile (1948) de Jules Dassin et Quand la ville dort (1950) de John Huston. Finalement Miklós Rózsa va trouver la consécration dans la catégorie des grandes fresques épiques et historiques, commencée en 1950 avec Quo Vadis? de Mervyn LeRoy, avec Deborah Kerr et Robert Taylor en vedettes. Vont suivre: Ivanhoe (1951) et Les chevaliers de la table ronde (1953) tous deux réalisés par Richard Thorpe; Jules César (1953) de Joseph Mankiewicz avec un Marlon Brando magistral en Marc-Antoine; Les contrebandiers de Moonfleet (1955) de Fritz Lang; La vie passionnée de Vincent Van Gogh (1956) de Vincente Minnelli; et enfin l’apogée avec Ben-Hur (1959) de William Wyler, avec Charlton Heston dans le rôle-titre et un troisième Oscar à son palmarès.

    Il continue cependant à écrire des partitions de musique “classique” comme son Concerto pour violon, dédié à Jascha Heifetz, en 1956 (Rózsa en a d’ailleurs réutilisé plusieurs thèmes pour la musique de La Vie privée de Sherlock Holmes), une Sonate pour pianopour Leonard Pennario, un Concerto pour violoncelle pour Janos Starker et un Concerto pour alto pour Pinchas Zukerman. Son œuvre comprend près de 45 numéros d’opus, dont de la musique de chambre, des œuvres chorales ou des pièces symphoniques.

    À la fin des années soixante, avec la fin des grands studios, Miklós Rózsa s’éloigne peu à peu de sa carrière cinématographique, pour se consacrer à l’écriture de plusieurs concertos, opus et symphonies. Il vit paisiblement entouré de sa femme Margaret Finlason épousée en 1943 et de leurs deux enfants. En 1977, Alain Resnais le tire de sa retraite pour composer la musique de Providence (1977), récompensée par un César. Miklós Rózsa, certainement l’un des compositeurs les plus prestigieux de l’histoire du cinéma, s’éteint le 27 juillet 1995, à Los Angeles, emporté par une pneumonie.

     


  • "Promenons-nous dans les bois" ...à Croix

    Dimanche 10 avril à 11h à la salle Debussy (école de musique) de Croix, l'octuor à vents Eugène Bozza vous propose une promenade musicale de Bach à Bernstein en passant par Bozza et Hummel.

    Venez avec vos amis admirer la beauté la printanière et goûter la suavité des timbres des instruments à vents.

    Johann Sebastian BACH,  Contrepoint VII, L’Art de la fugue  BWV 1080

    Johann Nepomuk HUMMEL, Partita en Mib Majeur

    Eugène BOZZA,  Octanphonie

    Leonard BERNSTEIN,  Extraits de West Side Story

    Octuor à vents Eugène Bozza

    Christophe Moulin,  Arnaud Courbez   hautbois
    Marie-France Amstutz,  Caroline Delmotte   clarinettes
    Cyril Polvert,  Guillaume Ratte   cors
    Patrick Normand,  Gilles Desmazières   bassons

     

    réservations : lesamischambreapart@orange.fr  tél. +33 (0) 607 626 125

    et si vous voulez retrouver les 5 concerts restants de la saison : voir le programme de la saison

    lisez ci-dessous le programme préparé par Paul Mayes, et venez avec vos amis partager la musique

    Ambre Chapart

    JS Bach 2.JPGConsidérée depuis longtemps comme le testament inachevé du compositeur, l’Art de la fugue représente l’apogée du style d’écriture de Johann Sebastian Bach, le sommet du style contrapuntique et l’un des plus grands aboutissements jamais réalisés en musique occidentale. Devenu aveugle, Johann Sebastian Bach aurait, dit-on, dicté à son entourage les notes et la partition s’interrompt dans le contrepoint XIV avec la phrase suivante écrite par son fils Carl Philipp Emmanuel : « Sur cette fugue où le nom de BACH est utilisé en contre-sujet, est mort l’auteur ». Mais en réalité, rien n’est moins sûr. La date de composition est très certainement aux alentours de 1740-1742, d’après une analyse graphologique et des filigranes sur le papier, et Bach a donc très certainement terminé l’Art de la fugue bien avant sa mort. Bien que Bach n’ait pas volontairement précisé à quel instrument l’Art de la fugue était destiné, et qu’il nous ait laissé un manuscrit avec chaque voix égale aux autres, Gustav Leonhardt a démontré, dès 1952, que l’œuvre était achevée et écrite pour le clavecin : Bach aurait laissé intentionnellement la dernière fugue inachevée, telle une énigme musicale — soit pour inviter d’autres compositeurs à deviner ses intentions musicales, soit pour qu’ils trouvent eux–mêmes leur solution.
    Composée d’une vingtaine de pièces (appelées contrepoints ou contrapuncti), cet ensemble tire son unité du sujet principal du premier contrepoint qui sert de base à l’ensemble des pièces :
     
    Tous les contrepoints suivants sont écrits dans la tonalité de ré mineur et proposent soit un développement sur le même sujet, soit un développement sur une variation de ce sujet. L’œuvre témoigne de toutes les possibilités techniques et musicales qu’offre la fugue : fugues à trois et quatre voix, en augmentation, diminution, en miroir, à plusieurs sujets, strettes... Le contrepoint VII est ainsi une fugue en augmentation et diminution.

    Né à Bratislava, Johann Nepomuk Hummel était considéré comme l’un des plus grands pianistes Hummel.JPGvirtuoses de son époque, dont la renommée rivalisait avec celle de Beethoven. Fils d’un musicien de l’École impériale de musique militaire et chef d’orchestre du théâtre, Johann Nepomuk, dès l’âge de sept ans, devient l’élève de Mozart, qui le trouve particulièrement doué et l’héberge pendant deux ans. Hummel donne son premier concert à neuf ans et entreprend une tournée européenne. Il rencontre pendant cette période Joseph Haydn et étudie aussi à Londres auprès du compositeur italien Muzio Clementi, puis auprès d’Antonio Salieri. Vers cette époque, le jeune Beethoven arrive à Vienne : on dit souvent qu’entre les deux compositeurs, il y eut une rivalité très marquée, mais en fait ils furent amis, même si leurs relations connurent des hauts et des bas et que leurs partisans formaient deux camps rivaux.
    Hummel a 26 ans lorsqu’il succède à Joseph Haydn comme Konzertmeister chez le prince Esterházy en 1804, puis, en 1811, il quitte la cour du Prince et devient maître de chapelle à Stuttgart.
    L’Octuor-Partita en mi bémol majeur est une œuvre typiquement rayonnante de Hummel. Écrite quelques mois avant son emploi chez le Prince Esterházy, le seul manuscrit connu, daté du 27 octobre 1803, se trouve au British Museum à Londres. Écrite pour octuor à vents conventionnel (mais avec un serpent ad libitum, souvent remplacé par un contrebasson), l’œuvre se démarque d’une partita traditionnelle par le fait qu’il est de trois mouvements seulement, sans menuet.

    Eugène Bozza.JPGNé à Nice en 1905 d’une mère française et d’un père italien, Eugène Bozza fut nommé en 1950 à la tête du Conservatoire national de musique de Valenciennes qu’il réorganisa puis dirigea vingt-cinq années durant. Attaché à la ville, il y habita jusqu’à sa mort en 1991. Premier prix de violon du Conservatoire national supérieur de Paris en 1923, Eugène Bozza entama d’abord une carrière de violoniste, jouant notamment sous la direction de Toscanini. Il s’orienta à partir de 1930 vers la direction d’orchestre et la composition, décrochant en 1931 un premier prix de direction d’orchestre au Conservatoire de Paris, suivi en 1934 de deux premiers prix de composition au Conservatoire et au Concours du Prix de Rome. Après la Villa Médicis et un passage à l’Opéra Comique de Paris, c’est à Valenciennes qu’il rédigea et créa la majeure partie de son oeuvre. Il y aborda tous les genres (symphonie, opéra, oratorio, cantate, messe, musique de chambre... ); son Andante et scherzo pour quatuor de saxophones, sa Fantaisie pastorale pour hautbois et piano ou encore sa Polydiaphonie pour guitare et flûte sont quelques unes de ses plus célèbres compositions. En 1998, la famille d’Eugène Bozza fit don à la ville de Valenciennes d’un buste et des manuscrits du musicien, avec de nombreuses partitions inédites. Ce sont plus de 500 documents écrits qui forment aujourd’hui le fonds Bozza de la Bibliothèque municipale. L’octuor à vents Octanphonie fut écrit en1972.

    Leonard Bernstein est né à Lawrence (Massachusetts) et fait ses études à l’université Harvard jusqu’en 1939, avant de devenir l’assistant de Serge Koussevitzky à Tanglewood en 1940. Il est Leonard Bernstein.JPGnommé chef assistant de l’Orchestre philharmonique de New York dès 1943 et en 1954, il devient célèbre en dirigeant le Symphony of the Air Orchestra à la télévision. De 1958 à 1973, il présente les Young People's Concerts à la télévision, émissions au cours desquelles il démontre toutes ses qualités de pédagogue auprès des enfants qui découvrent la musique classique de manière ludique. Il est nommé directeur musical de l’Orchestre philharmonique de New York de 1958 à 1969 et acquiert une réputation internationale d’une part comme chef d’orchestre et d’autre part comme compositeur notamment de la comédie musicale West Side Story (1957). Chef d’orchestre réputé pour son énergie fulgurante tant aux répétitions qu’aux concerts, il était à l’aise dans tous les répertoires, avec une préférence nette pour Gustav Mahler (il disait “Mahler, c’est moi !”). Compositeur prolifique, il est l’auteur de trois symphonies et de deux opéras, parmi un très grand nombre d’autres œuvres. Mais ce qui caractérise principalement Bernstein, c’est son aisance à passer d’un style à l’autre : du jazz (West Side Story, Wonderful Town), au blues-gospel (Mass), en passant par certaines pointes de dodécaphonisme (dans ses premières œuvres, cependant reniées par la suite). Par ailleurs, ses œuvres symphoniques sont formées à partir de réflexions spirituelles, sur la religion entre autres.
     

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  • Traveller Tchèque

    Dimanche 3 avril à 16h à l'Auditorium du Palais des Beaux-Arts de Lille, place de la République, grand concert Dvorak, en quatuor et quintettes, et "l'américain" y sera mais ce n'est pas l'ami que vous croyez, ce sera son cousin ...d'Amérique, bien entendu.

    attention nouveauté : il y aura un entracte, durée totale du concert 2h

    réservations : lesamischambreapart@orange.fr  tél. +33 (0) 607 626 125

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    Ambre Chapart

     

    Antonín DVOŘÁK

    • Mouvement de quatuor à cordes en fa majeur, B.120
    • Quintette pour 2 violons, 2 altos et violoncelle en la mineur, op.1

    Entracte

    • Mouvement de quatuor à cordes en la mineur, B.40a
    • Quintette pour 2 violons, 2 altos et violoncelle, en mi bémol majeur, op.97 “Américain”


    Quatuor Accord
    Lucyna Janeczek  violon
    Ken Sugita  violon
    Paul Mayes  alto
    Catherine Martin violoncelle
    Anne Le Chevalier  alto

    Antonin Dvorak 2.JPGLe Mouvement de quatuor en fa majeur, B.120, écrit entre le 7 et 9 octobre 1880, serait la première ébauche d’un 11ème Quatuor devant répondre à une pressante sollicitation du grand violoniste et chef d’orchestre Joseph Hellmesberger, également premier violon d’un quatuor qui avait donné avec grand succès, lors d’une soirée privée consacrée à Dvorak, le Sextuor et le Quatuor en mi bémol (no 10). Jarmil Burghauser, qui en a préparé l’édition définitive de 1985, estime que l’auteur mit de côté ce premier jet car son motif central s’apparentait par trop à l’introduction de l’air d’Agathe du Freischütz de Weber et ne répondait pas à l’invention spécifiquement tchèque qu’il voulait illustrer. Longtemps ignoré, ce Quartettsatz, magnifique page lyrique en sa sérénité propre à Dvorak, a été donné en première le 29 avril 1945 à la Radio de Prague par le Quatuor Ondricek

    Le premier ouvrage auquel Dvorak consentit à donner un numéro d’opus est un Quintette à cordes à deux altos en la mineur, dans l’héritage direct du modèle mozartien. Daté du 6 juin 1861, il fut donc rédigé deux ans après la fin de ses études à l’Ecole d’orgue, alors qu’il tenait fréquemment l’alto dans l’orchestre du Théâtre provisoire Tchèque de Prague de Karel Komzak. Il a fallu attendre le travail de Otakar Sourek pour disposer d’une édition tenant compte des modifications, apportées par Dvorak en 1887, qui se limitaient à quelques rééquilibrages entre instruments, la notation des dynamiques à observer et la suppression de reprises dans les mouvements extrêmes de ce triptyque (sans scherzo). D’après Sourek, “à ce stade de son évolution créatrice, nous avons affaire à une de ces compositions cycliques qui ne comportent pas de scherzo par le seul fait que cette fonction est remplie par la section rapide du finale. Ceci est bien le cas du Quintette en la mineur”. La première publique dut attendre le 15 décembre 192l, à un concert donné pour commémorer le 80e anniversaire du compositeur, par des étudiants du Conservatoire.

    Le 4 octobre 1873, Dvorak acheva un Quatuor en fa mineur (no5) et, le 5 décembre suivant, un Quatuor en la mineur (no6). Ces deux compositions marquent un progrès considérable tant dans la concentration formelle que dans la netteté de trait et l’invention d’une thémayique à la coloration tchèque partant d’une imitation folklorisante réinventée. Le Quatuor en la mineur est celui qui a subi le plus de modifications au cours de 1874. Conçu à l’origine comme un seul bloc selon un plan de sonate cyclique, il fut repris une première fois par Dvorak qui revint à la découpe traditionnelle tout en conservant des passages tel que l’Andante appassionato dans le mouvement lent. Il tenta à nouveau de le restructurer mais le laissa de côté préférant probablement écrire un autre quatuor dans la même tonalité. Jarmil Burghauser, en charge directe de la reconstitution achevée seulement en 1982, a fait éditer séparément l’Andante appassionato et le Poco allegro joint en tant que quartettsatz en la mineur B.40a qui se joue con sordino et qui retrouve la tendresse toute simple d’un chant dédié à Anna, que Dvorak avait épousée le 17 novembre 1873.

    Antonin Dvorak écrivit son Quintette en mi bémol majeur pour deux violons, deux altos et violoncelle, op. 97, entre le 26 juin et le 1er août 1893 à Spillville (Iowa) en Amérique où il passait ses vacances (il exerçait en ce temps la fonction de directeur du Conservatoire National de New York). La bourgade de Spillville, peuplée en majorité de personnes d’origine tchèque et située au milieu d’une nature ravissante, devint, grâce aux soins de Josef Kovafik (peu avant encore élève du Conservatoire de Prague) et de ses parents, un lieu de repos idéal pour le maître qui venait alors de terminer la première année de son séjour aux Etats-Unis. Au bout de quelques jours déjà, Dvorak s’y sentait comme chez lui. Le calme de ce lieu de province et le contact immédiat avec la nature qui avaient toujours constitué une si puissante source de son inspiration et dont, à son grand regret, il était dépourvu au milieu du tumulte incohérent de la grande ville où il résidait à cette époque, le plongèrent rapidement dans une atmosphère de contentement, d’intimité et de douceur. Son esprit émotif ne pouvait évidemment pas tarder à traduire en musique tous ces sentiments de bonheur. Dvorak réussit ainsi à achever au cours de quelques semaines deux œuvres de chambre, le Quatuor à cordes en fa majeur, op. 96, et le Quintette en mi bémol majeur pour deux violons, deux altos et violoncelle, op. 97. Les deux œuvres portent les marques caractéristiques de toutes les compositions écrites par le mamitre pendant son séjour aux Etats-Unis. Leur ligne mélodique est toujours typiquement dvorakienne, mais elles sont marquée de certains éléments expressifs nouveaux, avant tout d’ordre rythmique, qui la revêtent - si on la compare à celle des œuvres antérieures du compositeur – d’un caractère un peu laconique. Les thèmes, construits sur une gamme pentatonique, colorent en plus le style de ces œuvres d'un timbre exotique. Le fait que les deux œuvres furent écrites au cours de quelques semaines seulement témoigne non seulement d’une puissante énergie créatrice du compositeur, mais encore de sa maîtrise professionnelle. Dvorak lui-même se rendait d’ailleurs bien compte des qualités exceptionnelles de ces œuvres, car dans une lettre envoyée en Bohème, il disait qu’il était sûr de pouvoir les compter - à côté de sa Symphonie du Nouveau monde - au nombre de ses œuvres les plus achevées et les plus originales.
    En se référant aux Souvenirs écrits par Josef Kovarik, on lit : “Un jour, une petite tribu d’Indiens vint à Spillville pour vendre des herbes médicinales. Chaque soir, elle donnait une petite représentation proposant chants et danses qui semblèrent intéresser au plus haut point le compositeur, qui n’en manqua pas une” ... On peut raisonnablement estimer que se rencontrent des échos “américains” de cet intérêt dans les batteries du finale du Quatuor comme dans le Quintette.