onlviola

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Un concert tout quatuor à cordes en mineur

Chers amis mélomanes,

Dimanche 28 avril à 11h à l'auditorium du Palais des Beaux-arts de Lille, venez profiter d'un concert entièrement dédié à de la musique en mode mineur.

Au programme les plus grands compositeurs : Haydn, Schubert, Mozart, Dvorak...

Attention l'horaire est bien à 11 heures, contrairement aux indications de la plaquette diffusée en septembre dernier.

Tarifs 12/6 €. On peut encore profiter de l'abonnement Liberté si on vient à plusieurs (6 places 48€).

réservations : lesamischambreapart@orange.fr ou +33 607 626 125

Billetterie à l'entrée de l'auditorium (2e sous-sol) et accès par le 18bis rue de Valmy (sauf handicapés). Durée du concert 1h15.

Joseph Haydn  Quatuor à cordes en ut mineur, op.17 no4
Franz Schubert  Quatuor à cordes no9 en sol mineur, D.173
Wolfgang Amadeus Mozart Quatuor à cordes no13 en ré mineur, K.173
Anton Dvorak Quatuor à cordes en ré mineur, op.34

Alexandre Diaconu, violon
Olivier Lentieul, violon
Paul Mayes, alto
Claire Martin, violoncelle

Haydn.jpg  En abordant la musique religieuse, l’opéra, la sonate pour clavier et même la symphonie, Joseph Haydn trouva des modèles à sa disposition. Tel ne fut pas le cas en ce qui concerne le quatuor à cordes. Avec Boccherini, il fut le créateur du genre, à peu près au même moment (vers 1760), mais indépendamment l’un de l’autre. Datés de 1771, les six autographes de l’op.17 sont non seulement les premiers des quatuors de Haydn à nous être parvenus, mais les seuls reliés en volume. Par rapport aux six quatuors op.9 de l’année précédente, l’op.17 donne une impression d’ampleur, de profondeur et de subtilité formelle accrues.
Le Quatuor en ut mineur op.17 no4 est le seul de Haydn dans cette tonalité, qu’il utilisa une fois également dans les sonates et trois fois dans ses symphonies. La partition, sauf en son finale, est cependant plus élégiaque que tragique,  d’autant que son premier mouvement est encore une fois un Moderato. Le motif initial descendant (mi bémol - sol - ut) énoncé par le premier violon à découvert domine tout autant ce mouvement que les fameuses quintes le quatuor du même nom (op. 76 no 2, de 1797). Les six dernières mesures, pour la première fois dans le mouvement, introduisent ut majeur : on a ici la première grande “éclaircie psychologique” en majeur dans un mouvement en mineur du “classicisme viennois”. Ces ultimes mesures font le lien avec le Menuetto qui suit, en ut majeur, à l’allure d’un robuste scherzo, au thème mémorable, avec un trio en ut mineur déchiré par ses harmonies de sixte, ses syncopes et ses chromatismes. Dans l’Adagio cantabile en mi bémol, Haydn rend un hommage au principe de la “reprise variée” cher à Carl Philipp Emanuel Bach. L’extraordinaire finale combine esprit contrapuntique et forme sonate. Les deux dernières mesures, à l’unisson des quatre instruments, constituant sans doute la première apparition dans les quatuors de Haydn du style symphonique de l’époque.

Le Quatuor no 9 en sol minéur (D. 173) fut entrepris par Franz Schubert le 25 mars 1815 (à peine sa Deuxième Sympnonie achevée, le 24 mars) et terminé dès le 1er avril suivant, soit en une semaine. Il est probable que la création privée en eut lieu au sein du groupe familial, pour la fête de Pâques. Il est Franz Schubert.jpgnotable que c’est l’unique fois, pour un quatuor à cordes, où Schubert a utilisé la tonalité de sol mineur, si évocatrice de Mozart. L’œuvre comporte quatre mouvements. L’Allegro con brio d’ouverture présente une thématique contrastée et vigoureusement formulée (non sans référence au finale du Quatuor op.18 n°2 de Beethoven). Le développement est bref (une trentaine de mesures seulement), par “séquences” sur le second thème, conduit par le premier violon. La réexposition a lieu dans le ton relatif majeur. L’Andantino suivant, en un si bémol majeur plus intensif, procède en une architecture par plans et couleurs plus individualisées. Le thème, qu’alternent violoncelle et premier violon, est rythmiquement appuyé (dactyle), tandis que l’accompagnement s’affirme de façon immuable avec un rythme rapide de triolets en doubles croches. Le vigoureux Menuet, un Allegro vivace, est en sol mineur. Sa référence évidente est mozartienne (Symphonie en sol mineur, K.550) ; le trio, en si bémol majeur, fait contraste : la ligne mélodique se déploie en sinuosités parfois étranges, sur un accompagnement léger. Enfin, l’Allegro du rondo final (sol mineur à nouveau) retrouve la robustesse rythmique du premier mouvement, avec son joyeux thème paysan agissant comme motif récurrent. Ainsi observe-t-on que le rythme constitue l’élément unificateur de l’œuvre, même si se constatent, par ailleurs, un affinement de l’écriture et des rapports plus souples entre les différentes voix instrumentales.

Wolfgang Amadeus Mozart.jpg  Comme chez Haydn, Beethoven ou Schubert, les quatuors à cordes de Wolfgang Amadeus Mozart constituent la part maîtresse de sa musique de chambre. Ils s’étendent sur vingt ans de sa vie créatrice, mais s’ordonnent comme chez Haydn en groupes nettement individualisés et séparés par de longues interruptions. Le premier essai de Mozart, d’ailleurs isolé, est né d’une impulsion personnelle, comme détente, durant le premier voyage en Italie (1770). Au début de 1773, Mozart composa six quatuors dits “italiens” ou “milanais”, d’après leur lieu de composition. Ce sont là des œuvres typiquement “galantes”, dans le style de l’opéra italien, mais qui contiennent nombre d’inventions savoureuses et dont l’oubli nous prive de joies véritables.
Écrits à Vienne entre la mi-juillet et la fin septembre 1773 sous le choc de la découverte par le jeune compositeur de dix-sept ans des Quatuors de Joseph Haydn (l’op.17, mais surtout le tout nouvel op.20, les quatuors “du Soleil”), les six Quatuors “viennois” (K 168-173) diffèrent très fortement des “milanais” à peine antérieurs de quelques mois, et sont sans doute intrinsèquement moins réussis, mais précisément dans la mesure où ils sont beaucoup plus ambitieux. Si la synthèse vraiment parfaite entre style savant et style galant ne s’accomplira que dans les quatuors de la haute maturité (significativement, Mozart cessera d’en écrire pendant non moins de neuf ans), il ne faut pas pour autant dédaigner les nombreuses richesses de pages imparfaites, inabouties, mais souvent fascinantes.
 Le Quatuor en ré mineur K. 173 adopte une tonalité toujours chargée de signification chez Mozart, et, en effet, son Allegro initial présente pour la première fois deux thèmes vraiment antithétiques. C’est l’une des formes sonate le plus hardiment expérimentales du jeune Mozart, d’une instabilité harmonique exceptionnelle. L’Andantino grazioso en ré majeur, à l’allure de gavotte, apporte une éclaircie; mais la gravité règne à nouveau dans le merveilleux Menuet, l’un des joyaux de l’adolescence mozartienne, et dans la Fugue finale.

Le quatuor à cordes fut l’une des formes favorites d’Antonin Dvorak. Sa production très vaste en ce domaine (14 œuvres) se répartit entre 1862 et 1895 et fournit un excellent reflet de son cheminement esthétique. Le Quatuor no9, op.34 fut écrit en quelques jours, du 7 au 11 décembre 1877, alors que le compositeur était encore secoué par la disparition de la seconde de ses filles, Rüzena, et par celle de son premier garcon, Otakar. Encore proche de l’esprit du Stabat Mater terminé le 13 novembre, le choix de la sombre tonalité de ré mineur ne surprend donc pas et trouve en son Adagio un  Dvorak.jpgprolongement, épuré, de cette tristesse. Dédié à Johannes Brahms, l’un des plus ardents défenseurs du musicien tchèque, le Quatuor op.34 débute par un Allegro sur lequel plane l’ombre de Schubert, en particulier au début du mouvement, d’une texture délicate et empreint de tristesse. Par la suite, l’épisode gagne en intensité tandis que s’affirme une couleur très slave. On la retrouve dans l’Allegretto scherzando, alla polka où, malgré le rythme dansant et la fermeté du trait, un voile de mélancolie demeure du fait de la tonalité de sol mineur. Bâti à partir d’un matériau thématique issu du premier mouvement, l’Adagio frappe par la beauté et la tenue de sa ligne mélodique autant que par la densité expressive que Dvorak maintient de la première à la dernière note. Synonyme d’élan et de vivacité rythmique, le finale Poco allegro conclut l’œuvre sur un ton plus insouciant.
Malgré la recommandation expresse de Brahms à l’éditeur Simrock, le Quatuor en ré mineur ne fut publié qu’en 1880, à Berlin, et chez Schlesinger. Il ne fut donné en première publique qu’après son édition par Ferdinand Lachner, Petr Mares, Vaclav Borecky et Aloïs Neruda, le 27 février 1882 à Prague.



Les commentaires sont fermés.