Chers amis mélomanes,
retour au classicisme le dimanche 20 novembre à 11h à l'Auditorium du Conservatoire de Lille (place du concert), avec deux magnifiques trios pour piano, violon et violoncelle
le célèbre trio opus 8 de Brahms et, une découverte pour beaucoup d'entre nous, le trio de Graciane Finzi, qu'on se souvient avec plaisir avoir entendue à Lille entre 2011 et 2003
Graciane Finzi Trio pour piano et cordes
Johannes Brahms Trio pour piano et cordes no 1 en si majeur, op.8
Allegro con brio Scherzo : allegro molto Adagio Allegro
Trio Una corda
Emmanuelle Le Cann piano, Thierry Koehl violon, Matthieu Lejeune violoncelle
vous pouvez lire les notes de programme détaillées ci-dessous
notez aussi le prochain rendez-vous dimanche 27 mai après midi, "les Beaux Serges" au Palais des Beaux-Arts de Lille, à 15h et 17h (deux concerts différents), vous pourrez entendre les quatuors de Rachmaninov et de Prokoviev par le quatuor Kryptos et un quatuor de musiciens de l'ONL, ainsi qu'une transcription pour octuor de la célèbre Vocalise de Rachmaninov
je ne vous dirai jamais assez que la musique est toujours plus belle à partager, venez nombreux,amenez vos amis, et à la sortie partagez avec les musiciens le verre de l'amitié
profitez des tarifs compétitifs, comme l'abonnement "liberté" qui s'applique aussi aux groupes et la gratuité pour les jeunes élèves des écoles de musique
réservations : lesamischambreapart@orange.fr ou +33 607 626 125
vous pouvez voir toute la saison 2011-2012 ici : saison 2011-2012
Ambre Chapart
Graciane Finzi est née dans une famille de musiciens.
Après des études au conservatoire de Casablanca, sa ville natale, Graciane Finzi entre au Conservatoire National Supérieur de Paris ou elle obtient de nombreux prix dont ceux d’harmonie, contrepoint, fugue et composition. En 1979 elle est nommée professeur au CNSM de Paris. En 1982 elle obtient le Grand Prix de la Promotion Symphonique de la Sacem, en 1989 le Prix Georges Enesco et son opéra “Pauvre Assassin” est couronné du Prix de la SACD en 1992. En 2001 elle se voit décerner le Grand Prix de la SACEM pour l’ensemble de son œuvre et en 2006 l’Institut de France lui attribue le Prix Chartier. Elle a été en résidence à l’Orchestre National de Lille de 2001 à 2003.
Le répertoire de Graciane Finzi se compose d’une centaine d’œuvres, dont sept opéras, qui ont été jouées dans le monde entier par de grands solistes et orchestres.
Graciane Finzi utilise les instruments, qu’il s’agisse de masses orchestrales ou de solistes, en tenant compte de leur individualité, puis les unit par groupes juxtaposés dont chacun possède son propre dynamisme, ses pulsions, sa couleur, son rythme de vie, multipliant ainsi les parties réelles. La multiplicité des couches sonores va s’organiser pour former des harmonies géantes et des couleurs insoupçonnées.
Dans un langage moderne qui utilise des progressions harmoniques et chromatiques hors de la tonalité, elle établit des pôles d'attraction entre les notes; cela guide à la compréhension d’une musique jamais abstraite mais visant l’expression immédiate de la vie et des sentiments profonds de l’homme.
Créé le 16 Juin 1975 au Festival de Lyon, par le Trio de Lyon, le Trio pour piano et cordes est composé d'un ensemble de cinq petites pièces que l’auteur décrit ainsi :
1) Un seul élément est partagé entre le violon, le violoncelle et le piano. Cette phrase musicale de quelques notes vit grâce aux différentes attaques sonores ici employées (pizzicato, pizzicato vibré, arco avec ou sans vibrato, attaques différentes d'un même son, etc....)
2) Juxtaposition des trois instruments à des temps différents.
3) Juxtaposition d'éléments différents. Chaque instrument a sa propre vie et est indépendant par rapport aux autres.
4) Recherche d'une certaine atmosphère sonore. Elle s'enchaîne au
5) qui ne se justifie pas autrement que par 1’envie que j’ai eue d’entendre cette valse à la fin de ce trio.
La production de musique de chambre compte vingt-quatre numéros d’opus au catalogue de Johannes Brahms et occupe donc une place à peu près comparable à celle de la musique pour piano, avec le même caractère de confidence, et parfois de confession, mais manifestant un souci de la forme beaucoup plus exigeant et parfaitement “classique”. La première moitié de la vie du compositeur (jusqu’à la trentaine) est assez pauvre en ce domaine, puisque la plupart des partitions resteront inachevées ou ne seront pas publiées. Par contre, à partir du Quintette avec piano, daté de 1864, les œuvres de chambre se répartiront avec une certaine régularité. Brahms n’abordera le quatuor à cordes qu’au moment de la maturité : genre difficile certes, mais surtout occulté par Beethoven, modèle aussi exemplaire qu’intimidant (même phénomène, notons-le, dans le domaine de la symphonie). Brahms conservera sa vie durant un goût des formations instrumentales assez inusitées (du moins à l’époque) : ainsi des quatuors avec piano, des sextuors à cordes, d’un trio avec cor, ou des tardives sonates pour clarinette et piano.
Sur le plan formel, Brahms, hanté par le besoin de discipline et d’équilibre des schémas classiques n’apporte aucune innovation particulière. La forme sonate et les techniques de la variation sont exploitées dans un cadre beethovénien, néanmoins avec une grande richesse d’invention et, surtout, une souplesse d’écriture reflétant un sens inné de la mélodie et très concertante, s’alliant à l’exercice permanent d’une science du contrepoint et de la polyphonie. Ainsi a-t-on souvent discerné chez Brahms - et la musique de chambre en porte remarquablement témoignage - d’exceptionnelles facultés de synthèse : du classicisme et du romantisme, ainsi qu’une conciliation du formalisme, de l’expression des sentiments et d’une certaine liberté de l’esthétique.
Pour citer Claude Rostand “Dans ce domaine de la musique de chambre, Brahms, le premier après Beethoven, a trouvé un équilibre particulier entre l’inspiration et la science. Après lui, en son siècle, il a été imité, mais il ne semble pas abusif de dire qu’il n’a pas été égalé ..”
Œuvre de jeunesse - la première de musique de chambre dans la production brahmsienne – le Trio pour piano et cordes op.8 fut esquissé vers la fin de 1853 et composé à Hanovre dans les premiers mois de 1854. Ce sont là les années de “Sturm und Drang” du musicien (alors âgé de vingt-et-un ans), - celles marquées notamment par l’amitié avec Robert Schumann (dont l’état de santé s’altère alors considérablement, et qui mourra en 1856). La partition qui se joue aujourd’hui est une version remaniée par le compositeur bien plus tard, en 1891, sur le conseil de Hanslick; comme Brahms l’expliqua lui-même à son vieil ami Grimm, il “ne lui mit pas une perruque, mais se contenta de peigner et d’arranger un peu les cheveux” ... Ce qui est quelque peu travestir la réalité : l’exemplaire utilisé pour cette révision a été conservé, et permet de constater que, loin de s’en tenir à des retouches de détail, le compositeur a parfois réécrit des sections complètes, remplacé des thèmes et modifié des développements entiers. Ainsi transformée, pleinement maîtrisée, certainement mieux équilibrée, l’œuvre a néanmoins conservé certaine ardeur juvénile et cette imprégnation de poésie fantastique caractérisant le Brahms hambourgeois beaucoup plus que le viennois. Il semble, malgré tout, que les maladresses de jeunesse, une profusion thématique un peu brouillonne possédaient un charme naturel qui s’est partiellement estompé, - et que certains amis du musicien lui reprochèrent d’avoir perdu. La première audition publique (version primitive) eut lieu - curieusement à New York, au Dodsworth's Hall, le 27 novembre 1855; l’œuvre ne fut créée en Europe, à Breslau, que le 18 décembre suivant.
Le mouvement initial est dans la forme sonate à trois thèmes assortis d’idées secondaires, - d’un assez libre agencement, bien individualisés et largement développés (avec, dans la rédaction originale, une sorte de développement adjacent sous forme de fugato intercalé dans la reprise !). Ce qui frappe d’emblée premier thème de l'exposition, d’une grande beauté mélodique et d'une solide assise rythmique, introduit par le clavier -, c’est l’extrême plénitude, voire la sensualité, du son; c’est une force vitale, également, envahissant et animant les différents registres instrumentaux. Ce premier thème, dès sa présentation, est d’ailleurs varié avec une puissante conviction. Le deuxième thème, plus concis, n’apparaîtra qu’à la mesure 83, et le troisième à la mesure109 seulement, - ce qui peut suffire à démontrer que la générosité de l’inspiration a pris le pas sur le respect des strictes règles classiques. Dans son intégralité, cet Allegro comporte presque cinq cents mesures: un excès d'invention mal contrôlé, certes; mais, aussi, une telle joie de composer!
Le mouvement suivant est un scherzo dans le ton de si mineur: aérien - une “danse d’elfes” selon maints commentateurs -, il adopte la répartition classique avec trio central (Meno allegro en majeur, à 3/4, de caractère populaire, rythmiquement vigoureux). Il est notable que seul ce mouvement n”a subi que de très infimes retouches : le Brahms de la maturité dut donc s”en trouver encore satisfait.
Le mouvement lent, en si majeur et dans une forme-lied ternaire - plonge l’auditeur dans un tout autre climat, de mystère quasi religieux, - avèc son premier thème d’une solennité accentuée par un piano aux riches sonorités, et la noblesse, traversée d’élans de ferveur, du second thème mélodique (le violoncelle en instrument soliste). Les oppositions des combinaisons instrumentales révèlent ici un Brahms avant tout soucieux de jouer sur les “éclairages” du sentiment. On revient ensuite au calme solennel du début.
Quant au finale en si majeur (occasion de souligner l’unité tonale de la partition), il combine habilement les formes rondo et sonate à trois thèmes : course de triolets du thème d’introduction (on remarquera que l’indication de mouvement fut, à l’origine, celle d’Allegro molto agitato), résolue en une puissante affirmation de joie et d’optimisme (dans le ton de ré majeur), - tout en tenant compte du fait que l’ensemble fut copieusement écourté, mais a gagné une homogénéité qu’il ne possédait pas auparavant.