Dimanche 3 avril à 16h à l'Auditorium du Palais des Beaux-Arts de Lille, place de la République, grand concert Dvorak, en quatuor et quintettes, et "l'américain" y sera mais ce n'est pas l'ami que vous croyez, ce sera son cousin ...d'Amérique, bien entendu.
attention nouveauté : il y aura un entracte, durée totale du concert 2h
réservations : lesamischambreapart@orange.fr tél. +33 (0) 607 626 125
et si vous voulez retrouver les 5 concerts restants de la saison : voir le programme de la saison
lisez ci-dessous le programme préparé par Paul Mayes, et venez avec vos amis partager la musique
Ambre Chapart
Antonín DVOŘÁK
- Mouvement de quatuor à cordes en fa majeur, B.120
- Quintette pour 2 violons, 2 altos et violoncelle en la mineur, op.1
Entracte
- Mouvement de quatuor à cordes en la mineur, B.40a
- Quintette pour 2 violons, 2 altos et violoncelle, en mi bémol majeur, op.97 “Américain”
Quatuor Accord
Lucyna Janeczek violon
Ken Sugita violon
Paul Mayes alto
Catherine Martin violoncelle
Anne Le Chevalier alto
Le Mouvement de quatuor en fa majeur, B.120, écrit entre le 7 et 9 octobre 1880, serait la première ébauche d’un 11ème Quatuor devant répondre à une pressante sollicitation du grand violoniste et chef d’orchestre Joseph Hellmesberger, également premier violon d’un quatuor qui avait donné avec grand succès, lors d’une soirée privée consacrée à Dvorak, le Sextuor et le Quatuor en mi bémol (no 10). Jarmil Burghauser, qui en a préparé l’édition définitive de 1985, estime que l’auteur mit de côté ce premier jet car son motif central s’apparentait par trop à l’introduction de l’air d’Agathe du Freischütz de Weber et ne répondait pas à l’invention spécifiquement tchèque qu’il voulait illustrer. Longtemps ignoré, ce Quartettsatz, magnifique page lyrique en sa sérénité propre à Dvorak, a été donné en première le 29 avril 1945 à la Radio de Prague par le Quatuor Ondricek
Le premier ouvrage auquel Dvorak consentit à donner un numéro d’opus est un Quintette à cordes à deux altos en la mineur, dans l’héritage direct du modèle mozartien. Daté du 6 juin 1861, il fut donc rédigé deux ans après la fin de ses études à l’Ecole d’orgue, alors qu’il tenait fréquemment l’alto dans l’orchestre du Théâtre provisoire Tchèque de Prague de Karel Komzak. Il a fallu attendre le travail de Otakar Sourek pour disposer d’une édition tenant compte des modifications, apportées par Dvorak en 1887, qui se limitaient à quelques rééquilibrages entre instruments, la notation des dynamiques à observer et la suppression de reprises dans les mouvements extrêmes de ce triptyque (sans scherzo). D’après Sourek, “à ce stade de son évolution créatrice, nous avons affaire à une de ces compositions cycliques qui ne comportent pas de scherzo par le seul fait que cette fonction est remplie par la section rapide du finale. Ceci est bien le cas du Quintette en la mineur”. La première publique dut attendre le 15 décembre 192l, à un concert donné pour commémorer le 80e anniversaire du compositeur, par des étudiants du Conservatoire.
Le 4 octobre 1873, Dvorak acheva un Quatuor en fa mineur (no5) et, le 5 décembre suivant, un Quatuor en la mineur (no6). Ces deux compositions marquent un progrès considérable tant dans la concentration formelle que dans la netteté de trait et l’invention d’une thémayique à la coloration tchèque partant d’une imitation folklorisante réinventée. Le Quatuor en la mineur est celui qui a subi le plus de modifications au cours de 1874. Conçu à l’origine comme un seul bloc selon un plan de sonate cyclique, il fut repris une première fois par Dvorak qui revint à la découpe traditionnelle tout en conservant des passages tel que l’Andante appassionato dans le mouvement lent. Il tenta à nouveau de le restructurer mais le laissa de côté préférant probablement écrire un autre quatuor dans la même tonalité. Jarmil Burghauser, en charge directe de la reconstitution achevée seulement en 1982, a fait éditer séparément l’Andante appassionato et le Poco allegro joint en tant que quartettsatz en la mineur B.40a qui se joue con sordino et qui retrouve la tendresse toute simple d’un chant dédié à Anna, que Dvorak avait épousée le 17 novembre 1873.
Antonin Dvorak écrivit son Quintette en mi bémol majeur pour deux violons, deux altos et violoncelle, op. 97, entre le 26 juin et le 1er août 1893 à Spillville (Iowa) en Amérique où il passait ses vacances (il exerçait en ce temps la fonction de directeur du Conservatoire National de New York). La bourgade de Spillville, peuplée en majorité de personnes d’origine tchèque et située au milieu d’une nature ravissante, devint, grâce aux soins de Josef Kovafik (peu avant encore élève du Conservatoire de Prague) et de ses parents, un lieu de repos idéal pour le maître qui venait alors de terminer la première année de son séjour aux Etats-Unis. Au bout de quelques jours déjà, Dvorak s’y sentait comme chez lui. Le calme de ce lieu de province et le contact immédiat avec la nature qui avaient toujours constitué une si puissante source de son inspiration et dont, à son grand regret, il était dépourvu au milieu du tumulte incohérent de la grande ville où il résidait à cette époque, le plongèrent rapidement dans une atmosphère de contentement, d’intimité et de douceur. Son esprit émotif ne pouvait évidemment pas tarder à traduire en musique tous ces sentiments de bonheur. Dvorak réussit ainsi à achever au cours de quelques semaines deux œuvres de chambre, le Quatuor à cordes en fa majeur, op. 96, et le Quintette en mi bémol majeur pour deux violons, deux altos et violoncelle, op. 97. Les deux œuvres portent les marques caractéristiques de toutes les compositions écrites par le mamitre pendant son séjour aux Etats-Unis. Leur ligne mélodique est toujours typiquement dvorakienne, mais elles sont marquée de certains éléments expressifs nouveaux, avant tout d’ordre rythmique, qui la revêtent - si on la compare à celle des œuvres antérieures du compositeur – d’un caractère un peu laconique. Les thèmes, construits sur une gamme pentatonique, colorent en plus le style de ces œuvres d'un timbre exotique. Le fait que les deux œuvres furent écrites au cours de quelques semaines seulement témoigne non seulement d’une puissante énergie créatrice du compositeur, mais encore de sa maîtrise professionnelle. Dvorak lui-même se rendait d’ailleurs bien compte des qualités exceptionnelles de ces œuvres, car dans une lettre envoyée en Bohème, il disait qu’il était sûr de pouvoir les compter - à côté de sa Symphonie du Nouveau monde - au nombre de ses œuvres les plus achevées et les plus originales.
En se référant aux Souvenirs écrits par Josef Kovarik, on lit : “Un jour, une petite tribu d’Indiens vint à Spillville pour vendre des herbes médicinales. Chaque soir, elle donnait une petite représentation proposant chants et danses qui semblèrent intéresser au plus haut point le compositeur, qui n’en manqua pas une” ... On peut raisonnablement estimer que se rencontrent des échos “américains” de cet intérêt dans les batteries du finale du Quatuor comme dans le Quintette.