Chers amis mélomanes,
Chambre à part se met en double contrebasses ce dimanche pour un concert "Basso continuo".
Vous découvrirez combien ces instruments puissants sont en même temps doux et qu'associés aux autres cordes ils forment un ensemble très harmonieux.
Concert dimanche 11 mars à 11h à l'Auditorium du Conservatoire de Lille
Giovanni Bottessini Gran duo concertante
Jean Françaix 8 bagatelles pour piano et quatuor à cordes
Felix Mendelssohn Sextuor pour piano et cordes, op.110
Aurélien Penart piano
Filippo Marano violon
Paul Mayes violon/alto
Cristina Blanco-Amavisca alto
Jean-Michel Moulin violoncelle
Edouard Macarez contrebasse
Pierre-Emmanuel de Maistre contrebasse
tarif 10€ le concert, tarif réduit 6€ pour les demandeurs d'emploi et 12-25 ans
réservations : lesamischambreapart@orange.fr ou +33 607 626 125
vous pouvez voir toute la saison 2011-2012 ici : saison 2011-2012
Si vous êtes rentrés de vacances, si vous n'étiez pas partis, n'hésitez pas à venir avec vos amis, et nous nous retrouverons comme habituellement à la sortie pour partager nos émotions avec les musiciens autour du verre de l'amitié.
Ambre Chapart
programme détaillé :
Le contrebassiste, compositeur et chef d’orchestre italien Giovanni Paulo Bottesini, surnommé “le Paganini de la contrebasse” par ses contemporains, est né à Crema en Lombardie. C’est de son père, Pietro, qui était compositeur et pratiquait la clarinette, que le petit Giovanni reçoit très tôt les rudiments de l’art musical. Avant ses onze ans, il se produit dans des chœurs et joue les timbales au Theatro Sociale de Crema. Son père l’inscrit au conservatoire de Milan, mais les seules bourses disponibles étant pour le basson et la contrebasse, l’enfant entre dans la classe de contrebasse de Luigi Rossi, puis de Nicola Vaccai. En 1839, âgé de dix-huit ans il remporte le prix de fin d’études. Le conservatoire lui permet d’acquérir un instrument de Carlo Giuseppe Testore de 1716, qu’il garda tout au long de sa carrière.
Il est d’abord nommé contrebasse solo au Theatre San Benedetto à Venise, où il se lie d’une fidèle amitié avec Giuseppe Verdi. Puis il fait de nombreux voyages dans le monde entier avec le violoncelliste Luigi Arditi. Il commence par se fixer un temps à La Havane, où il est nommé soliste du Théâtre Tacón. Il y produit son opéra Christophe Colomb en 1847. Puis il fait ses débuts à Londres, en 1849, aux États-Unis, et se rend ensuite au Mexique où il gagne un concours de composition musicale pour l’hymne national mexicain. La première exécution de l'hymne eut lieu le 15 septembre 1854. Mais l’œuvre est rejetée par la population. En 1856, il se rend en Russie et en France, où il est engagé comme directeur du Théâtre des Italiens durant deux années. À l’occasion, il fait représenter son opéra L'Assendio di Firenze (1856).
Entre 1857 et 1858, il parcourt la France ainsi que l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et l’Angleterre. En 1859, il fait représenter en Italie son opéra-bouffe Il Diavolo della Notte. En 1862, il dirige à Palerme son opéra Marion Delorme puis l'année suivante à Barcelone. En 1870, son Vinciguerra, il bandito est représenté quarante fois à Paris et, l’année suivante Ali-Baba est créé au Théâtre Lyceum de Londres, alors qu’il est nommé directeur musical pour la saison. Bottesini dirige la première d’Aïda de Verdi au Caire le 24 décembre 1871. En 1888, il se fixe à Parme où, sous la recommandation de Verdi, il accepte le poste de directeur du conservatoire. Il y meurt le 7 juillet 1889.
Le Gran duo concertante a été écrit à l’origine pour deux contrebasses et orchestre en 1880 et a été créé par Bottessini lui-même avec Luigi Negri, un ancien camarade de la classe de Luigi Rossi au Conservatoire de Milan.
Le morceau est composé d’un seul mouvement, quelque peu tentaculaire, et Bottesini n’a pas tenu compte de l’impraticabilité d’une pièce qui requiert deux contrebassistes de grand talent. Il a récidivé pourtant avec un autre concerto pour deux contrebasses qui porte le titre Gran Duo Passione Amorosa. C’est l’unique élève de Paganini, Camillo Sivori, qui a eu l’idée de transcrire une des parties de contrebasse du Gran duo concertante pour violon, peu de temps après la création de l’œuvre. C’est cette version qui est le plus souvent jouée aujourd’hui, mais la contribution de Sivori n’est que rarement cité et même la plupart des contrebassistes ignorent l’instrumentation d’origine.
Datant de 1980, les 8 Bagatelles pour quatuor à cordes et piano de Jean Françaix furent créées trois ans plus tard à Montréal par le Laval String Quartet et Joel Pasquier au piano. Comme les œuvres homonymes de Beethoven et Webern, il s’agit de pages très brèves et laconiques, assez improvisées et, si ce mot possède un sens en ce qui concerne la musique de Jean Françaix, relativement expérimentales. De fait, la première Bagatelle semble singer ‘écriture éclatée des musiciens sériels et ne met en jeu que le second violon et le violoncelle. La deuxième est un solo d’alto aux doubles cordes très dépouillées. On retrouve le goût de Jean Françaix pour ces harmonies creuses issues de quelque organum moyenâgeux. Suit un moto perpetuo du premier violon, relayé par le piano, puis un bref morceau en ut majeur au quatuor seul. La sixième Bagatelle, la plus austère sans doute, est un chant de violoncelle accompagné par un contrepoint chromatique en valeurs longues des basses du piano. La septième prolonge ce caractère au moyen d’harmonies incomplètes qui se frottent les unes aux autres en un crescendo poignant qui rassemble peu à peu (et pour la première fois!) tout l’effectif. Ainsi, la dernière pièce, la seule qui soit un peu développée et de caractère enjoué, peut commencer, en sol majeur, avec les cinq instruments réunis. On sentira nettement le caractère improvisé et velléitaire des sept premiers numéros et le sentiment de délivrance procuré par le dernier. Cependant, il n’est pas interdit de concevoir le découpage suivant: les deux premières Bagatelles forment une introduction, les trois suivantes un Allegro, les sixième et septième, la section lente et la dernière, le Final proprement dit.
Hormis le Concerto pour violon et une Marche nuptiale entendue jusqu’à satiété, le grand public méconnaît souvent Félix Mendelssohn. Avouons que les préjugés nombreux et tenaces qui circulent à son sujet n’incitent pas à le découvrir de manière approfondie. “Un notaire élégant et facile”, “un compositeur charmant qui nous lasse parfois par une abondance trop aisée”... Toujours se dégage l’idée d’un artiste fort talentueux mais sans conséquence. Le malentendu tient pour beaucoup à la position particulière qu’occupe Félix Mendelssohn dans la musique romantique.
Né en 1809 à Hambourg dans un milieu extrêmement aisé - au grand dam des amateurs de clichés misérabilistes! -, il reçut une formation générale et musicale sérieuse et stricte, dominée par l’étude des grands classiques. Elle ne put que conforter l’artiste, qui y était déjà enclin par son caractère, dans la voie d’un art musical d’abord synonyme d’équilibre et de pudeur. Les contrastes violents, le pathos, l’exacerbation des sentiments propres à d’autres compositeurs romantiques demeurent étrangers à Mendelssohn. Dans certains esprits, leur absence semble ôter de sa valeur à l’œuvre du musicien. Nul doute qu’il offre un visage bien différent de ceux de Chopin, Liszt et Schumann. Qu’importe, seules comptent la richesse de son génie et la diversité des domaines dans lesquels il s’exprima, des symphonies pour cordes de jeunesse jusqu’à l’oratorio Christus que la mort ne lui permit pas d’achever.
La musique de chambre fait partie des aspects les plus méconnus de la production de Mendelssohn. Pourtant que de réussites ici, très précoces parfois, comme le prouve l’œuvre incluse dans ce concert.
En 1824 - 1825, parallèlement à son Quatuor avec piano op.3, Mendelssohn composa l’une de ses œuvres de musique de chambre les plus méconnues: le Sextuor op.110. Peut-être présente-t-il certaines faiblesses inhérentes à une œuvre de jeunesse, néanmoins l’imagination et l’enthousiasme qui le caractérisent méritent amplement la découverte. Son effectif n’offre rien de banal puiqu’il associe violon, 2 altos, violoncelle, contrebasse et piano. L’Allegro vivace introductif, le plus vaste mouvement de l’oeuvre, met en avant le piano au discours brillant et très weberien. Dans l’Adagio en fa dièse majeur qui suit, l’écriture se fait plus concise au cours d’un beau dialogue entre piano et cordes. Quoique qualifié de Menuetto, le troisième mouvement, en ré mineur - avec un trio en fa majeur-, s’apparente plus à un scherzo par son discours souvent agité et tendu. L’Allegro vivace conclusif retrouve la tonalité initiale de ré majeur et entraîne l’auditeur dans un irrésistible galop, d’une remarquable science contrapuntique. Peu avant sa conclusion, un rappel du troisième mouvement en ré mineur intervient, puis la coda retrouve le rythme du galop.