onlviola

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • La pari de la création !

    Chers amis mélomanes,

    Pour fêter ses 5 ans Chambre à part vous offre une création mondiale de musique française... avec un trio de Bernard Barsotti pour flûte, piano et violon.

    Encore une fois le concert "Françaix, français" pour trio de flûte, piano et violon promet d'être exceptionnel. Après le très beau quintette pour clarinette et cordes magnifiquement interprété le dimanche 22 janvier, nous continuerons d'explorer le répertoire de Jean Françaix avec une musique de cour. Nous retrouverons la compositrice Mel Bonis (déjà entendue il y a deux ans) et ressortirons de son injuste oubli Henri Rabaud.

    Un beau programme de musique française du XXe siècle pour lesquel nous vous donnons rendez-vous le dimanche 5 février 2012, à 11 h  Auditorium, Conservatoire de Lille, place du Concert.

    tarif 10€ le concert, tarif réduit 6€ pour les demandeurs d'emploi et 12-25 ans

    réservations : lesamischambreapart@orange.fr ou +33 607 626 125

    vous pouvez voir toute la saison 2011-2012 ici : saison 2011-2012

    venez nombreux partager la musique avec vos amis et vos proches,  et comme à l'accoutumée nous partagerons nos émotions autour du verre de l'amitié avec les musiciens

    Ambre Chapart


    Mel BONIS                Suite op.59 pour flûte, violon et piano
    Bernard BARSOTTI  Trio pour flûte, violon et piano [création mondiale]
    Henri RABAUD          Andante et scherzetto pour flûte, violon et piano
    Jean FRANÇAIX        Musique de Cour pour flûte violon et piano

    Cécile Mangeot piano
    Christine Vienet flûte
    Paul Mayes violon

     

    “Je voudrais pouvoir décrire l’état d’âme à la fois si angoissant, torturant et délicieux, où me plonge la musique – celle que j’aime -. Je devrais pouvoir le faire, j’ai tant éprouvé cette sensation aiguë jusqu’à la douleur, même tout enfant (je pourrais dire, surtout étant enfant). C’était alors comme une agonie d’aspirations vers le bonheur, une tension de tout l’être sensible, cordial, vers une chose qui nous sourit et se dérobe à la fois.”

    Mel Bonis.jpgParcours émouvant que celui de Mélanie Hélène (dite Mel) Bonis, née à Paris d’un père horloger et d’une mère passementière.
    Parcours d’artiste, d’abord, qui affronte les préjugés hostiles de sa classe à l’égard de la vie de musicienne. Elle est présentée à César Franck en 1876 au Conservatoire de Paris, et sera vite remarquée comme une “excellente élève, la plus forte de sa classe, mais [que] la peur paralyse” (Auguste Bazille, son professeur d’accompagnement). Elle devient la condisciple de Debussy dans la classe d’harmonie d’Ernest Guiraud, suit des cours d’orgue, de contrepoint et d’accompagnement.
    Parcours de femme, ensuite, contrariée dans ses amours avec un chanteur et poète du nom de Hettich, rencontré au Conservatoire de Paris : la famille de Mel s’oppose à cette union, la contraint d’abandonner ses études au Conservatoire, et la marie avec un industriel, Albert Domange, deux fois veuf et indifférent à la musique. Elle aura 3 enfants de ce mariage, et une fille cachée avec Hettich en 1899.
    Sa production est aussi riche que variée : pièces pour piano (dont quelques unes orchestrées), orgue, harmonium, œuvres vocales (mélodies, chœurs, motets et cantiques), témoignent d’une liberté formelle et d’une invention harmonique remarquables.
    Sa contribution à la musique de chambre est importante : 10 œuvres, dont 2 Quatuors avec piano, des sonates et des œuvres pour flûte, violon, violoncelle et piano.

    Bernard Barsotti est philosophe, compositeur et écrivain. Il est spécialiste de la phénoménologie, Barsotti.jpgnotamment de la phénoménologie husserlienne et des problèmes du rationalisme contemporain. Ses activités dans le domaine artistique, tant à travers ses oeuvres musicales tournées vers la musique de chambre et le quatuor à cordes, qu’à travers ses nouvelles littéraires, sont orientées vers la réintroduction du sensible dans les langages formels de la création tels que les a promus le XXe siècle.
    Il a écrit de nombreux articles sur l’histoire des sciences, ainsi que des ouvrages sur les enjeux épistémologiques et le statut de la raison au XXe siècle, siècle des révolutions scientifiques. L’enjeu est la place  du goût dans l’art à l’époque de la modernité. En musique, Bernard Barsotti se tourne notamment vers la musique de chambre et le quatuor à cordes, dont les sonorités simples et riches à la fois, lui permettent d'exprimer au mieux les recherches néo-tonales qui sont sa préoccupation de compositeur. En littérature, ses Nouvelles mettent en œuvre des variations sur le modèle des Exercices de style, afin de faire ressortir le noyau d’émotions de la rencontre amoureuse.

    Henri Rabaud.jpgNé à Paris le 10 novembre 1873, Henri Rabaud a été l’un des acteurs importants de la vie musicale française au début du XXe siècle, car il fut tout à la fois un compositeur, un chef d’orchestre et un  administrateur. Il est issu d’une famille de musiciens : son grand-père, Louis Dorus, fut un célèbre flûtiste ; sa grand-tante, Julie Dorus-Gras, chanteuse lyrique ; son père, Hippolyte Rabaud, grand violoncelliste, enseigna au Conservatoire de Paris. Henri Rabaud, élève studieux, jeune homme sérieux, révèle à son tour un talent précoce pour la musique et suit la même voie que ses parents.
    Il entre au Conservatoire en 1891 et étudie notamment le contrepoint et l’écriture dans la classe d’André Gédalge et la composition avec Jules Massenet. En 1894, il est lauréat du prix de Rome pour sa cantate Daphné. Une fois présent dans la ville éternelle, il y entend avec beaucoup d’intérêt les opéras de Verdi, de Mascagni et de Puccini, alors que ce dernier n’a pas toujours reçu, à cette époque, bon accueil en France. En 1896, il se rend aussi en Allemagne, où il peut écouter notamment Wagner, pour lequel il éprouve des sentiments partagés.
    De retour de Rome, il commence à se faire un nom à Paris comme compositeur et aussi par son activité de chef d’orchestre. Il dirigea notamment l’orchestre de l’Opéra-Comique et de l’Opéra de 1908 à 1918, avant de prendre la direction de l’Orchestre Symphonique de Boston. Comme ses prédécesseurs Auber et Thomas, Rabaud est un musicien respecté et qui bénéficie de la reconnaissance des institutions artistiques officielles, comme en témoigne sa nomination à la tête du Conservatoire de Paris, où il succède à Gabriel Fauré en 1920 et qu’il dirige jusqu'en 1941.

    Dans une certaine mesure, il y a chez Jean Françaix, sous le vernis de la grâce primesautière, du Jean Françaix 2.jpgcharme de celui qui “préfère les sentiers forestiers aux autoroutes de la pensée”, un auteur plus complexe qu’il n’y paraît, frère de Debussy et de Ravel. Son biographe Marc Lanjean voit sous l’apparence rigide d’un citoyen discipliné une indomptable indépendance, que Sacha Guitry, dont Françaix composa la musique du film Si Versailles m'était conté en 1953, définissait ainsi: “Tout ce qui n’est pas clair n’est pas de Françaix”. Ce fils du directeur du Conservatoire du Mans s’intéresse très tôt à la musique de chambre et toute sa vie durant, en soixante-dix ans de création de 250 œuvres, il alternera avec bonheur, ironie parfois cynique, grande délicatesse et un esprit humoristique. “Ce n’est pas son cœur qu’il porte en écharpe, c’est son esprit qui ne se roule pas dans la farine sentimentale” affirme Guy Sacre. Merveilleux pianiste - il fut l’élève du célèbre pédagogue Isidore Philipp au Conservatoire de Paris - il manifestera une infatigable santé roborative en tant qu’interprète et accompagnateur. Un enregistrement de la Sonate Arpeggione de Schubert, toute de grâce et d’émotion contenue, immortalise la rencontre d'un homme affable avec le violoncelliste Maurice Gendron dont le seul défaut, aux dires de Daniel-Lesur, est de ne parvenir jamais à nous ennuyer. Profondément artiste sous le vernis mondain et un physique sérieux d’ingénieur, ce disciple de Nadia Boulanger cultivera l’hédonisme mais aussi l’authenticité grâce à une facilité d’écriture enviée de ses confrères et parfois jalousée.
    La Musique de Cour fut à l’origine composée pour flûte, violon et orchestre et créée par Charles Münch à la tête de l’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire avec en soliste le flûtiste Marcel Moyse et la violoniste Blanche Honegger. Le compositeur en assurera la transcription pour clarinette, alto et piano à l’issue du concert de création en 1937. Cette partition illustre une tradition d’écriture à la française faite de fluidité, de classicisme et de litote. Les divers mouvements portent volontairement des indications de danses anciennes : Menuet, Ballade, Scherzo, Badinage (et non Badinerie). Le souvenir de Bach et de Mozart est associé à celui des compositeurs français du 18e siècle. On pense à la nostalgie de cette douceur de vivre à la Cour de France avant la Révolution et aussi à cette maxime de La Rochefoucauld “Celui qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit”.

  • Entremets Franco-Russes

    Chers amis mélomanes  

    Chambre à part vous souhaite une très belle et heureuse année musicale
    que 2012 vous permette de partager la musique avec vos amis et vos proches
    oui l'année sera belle et nous partagerons la musique

    Nous continuons notre petite exploration de la musique de chambre et mettons en lumière ce que l'on n'entend pas par ailleurs.


    "Entremets Franco-Russe", propose deux quintettes, le premier avec clarinette pour commencer l'année que nous allons dédier au centenaire de la naissance de Jean Françaix  http://www.jeanfrancaix.org/

    "Entremets Franco-Russe" dimanche 22 janvier à Auditorium du Conservatoire de Lille à 11h programme détaillé ci après

    Jean Françaix   Quintette pour clarinette et cordes
    Alexandre Borodine  Quintette en fa mineur pour 2 violons, alto et 2 violoncelles

    Ilaria Salinardi  clarinette

    Aline Janeczek, Lucyna Janeczek   violons

    Paul Mayes  alto

    David Smolarski, Jacek Smolarski  violoncelles

     

    10€ le concert tarif réduit 6€ pour les demandeurs d'emploi et 12-25 ans

    réservations : lesamischambreapart@orange.fr ou +33 607 626 125

    vous pouvez voir toute la saison 2011-2012 ici : saison 2011-2012

     venez nombreux partager la musique avec vos amis et vos proches

    à dimanche, Ambre Chapart

     
    Jean Françaix.jpgJean Françaix vit le jour dans une famille de musiciens. Son père, Alfred, pianiste et compositeur, était directeur du Conservatoire du Mans où sa mère enseignait le chant. Après des études précoces avec son père, Jean entra au Conservatoire de Paris où il obtint un premier prix de piano au sortir de la classe d’Isidor Philipp. A partir de dix ans, il étudia la composition avec Nadia Boulanger laquelle évoque a première fois qu’elle rencontra le jeune compositeur :
    Un jour [de 1922], un enfant - Jean Françaix devait venir pour sa première leçon d’harmonie et je me disais: “Comment vais-je m'’y prendre?” Cela me tenait éveillée la nuit, je me tourmentais. Lorsqu’il est arrivé, je lui ai dit: “Tu sais, Jean, aujourd’hui nous allons travailler les accords ..
    - Ah ! oui, comme cela ... ” et il me joue l’accord, avec l’air de bébé qu’il avait, car il était vraiment très enfant. Au bout de deux mois, j’ai dit à sa mère: “Madame, je ne sais pas pourquoi nous perdons du temps à lui faire travailler l’harmonie, il sait l’harmonie. Je ne sais pas comment, mais il la sait, il est né la sachant.”
    Cette facilité naturelle pour la composition ne fut pas toujours à l’avantage de Françaix: la saveur ouvertement française de sa musique - abondant en charme simple et en humour communicatif - le fit accuser de légèreté et de manque de substance. Pourtant sa personnalité musicale franche et directe possède de fervents admirateurs. Ainsi en 1942 Poulenc, dans sa description de la scène musicale du Paris occupé, avait distingué Messiaen et Françaix comme des compositeurs à suivre. Poulenc appréciait en particulier l’attention qu’ils accordaient aux tendances musicales modernes. Si Messiaen jouait un rôle primordial de par le développement de son langage harmonique, Françaix s’illustrait par “l’air authentiquement français qu’il avait insufflé dans le néoclassicisme du début des années 1930.”
    Françaix dédia son Quintette pour clarinette et quatuor à cordes (achevé le 11 avril 1977) au clarinettiste suisse Eduard Brunner. Un tendre adagio - avec la clarinette dévoilant une ample mélodie lyrique - annonce un allegro plein de gaieté. Le contraste naît d’une section centrale fluide qui permet une reprise sans accrocs du matériau thématique initial. Des tournures techniques sur un fond rythmique précis et bondissant dans le scherzando évoquent l’atmosphère d’un salon parisien. Le jeu subtil des éclairages entre les cordes (avec ou sans sourdine) et la clarinette dans le registre de chalumeau imprègne ensuite le grave avec une expressivité sombre. La nature méditative du mouvement est rapidement écartée puisque le quintette se conclut sur un rondo animé où les syncopes fluides et changeantes (notées “amoroso”) révèlent l’influence de Stravinsky, tandis que la cadence de la clarinette rend hommage au talent de Brunner.
    Depuis la guerre, la musique de Françaix a été injustement décriée comme étant insignifiante et insensible aux derniers courants musicaux. Il est vrai que son style a peu évolué depuis les œuvres néoclassiques des années 1930 mais l’attrait des partitions de Françaix réside précisément dans son refus à changer. L’architecture est également conventionnelle mais la musique d’allure enlevée brille de ses rythmes pressants et de ses cellules mélodiques concises tandis que l’écriture évocatrice de la musique lente suggère l’univers sonore et les textures moelleuses du Quatuor à cordes en fa majeur de Ravel.
    L’œuvre de chambre vient démontrer avec force que l’expression artistique de Françaix, d’une éternelle jeunesse et d’une constance fière continuera durablement à fasciner et à plaire.

     

    Fils naturel du prince caucasien Luka Gedianishvili et d’une Russe, Avdot’ya Konstantinovna Antonova, Borodine.jpgAlexandre Porfirievitch Borodine prit le nom d’un serf de son père, comme le voulait la coutume, et reçut de sa mère, intelligente et belle, une éducation raffinée. A huit ans, il s’intéressait aux instruments d’une harmonie militaire, reproduisant au piano les marches et fanfares qu’il entendait, si bien que sa mère engagea le flûtiste de la formation pour lui donner des leçons. Lorsqu’il eut treize ans, sa mère le mit en pension avec un adolescent de son âge, Mikhail Chiglev : en même temps que ce dernier, il apprit le piano et les deux jeunes gens s’amusaient à déchiffrer à quatre mains les symphonies de Haydn, Beethoven et Mendelssohn. Ensuite ils apprirent seuls, Chiglev le violon, Borodine le violoncelle, afin de pouvoir jouer de la musique de chambre.
    En 1850, il entre à l’Académie de médecine : passioné de chimie, ses professeurs lui reprochaient néanmoins le temps excessif qu’il consacrait à la musique. Dans cette même année il réunissait des amis musiciens afin de jouer et d’écouter de la musique de chambre, surtout des quintettes avec deux violoncelles. La plupart du temps, Borodine y assistait uniquement en observateur, ses capacités de violoncelliste autodidacte ne lui permettant pas souvent de participer activement aux séances.
    Le 20 décembre 1862 il est nommé assistant à l’Académie de médecine, puis professeur titulaire le 28 avril 1864. Ainsi l’auteur du Prince Igor, violoncelliste amateur, compositeur à temps partiel, ne laissera que peu de partitions achevées de musique de chambre. Dans la première partie de sa vie furent écrites dix partitions, encore aujourd’hui non publiées parce qu’incomplètes ou perdues, d’après les manuscrits conservés à Léningrad. Les archives de Léningrad ont permis de publier en 1960 la partition d’un Quintette à cordes à deux violoncelles, en fa mineur, dont le manuscrit ne comportait pas de coda dans le mouvement final.
    C’est sans doute le violoncelliste Ivan Gavrushkevich, leader de son ensemble d’amateurs, qui lui a donné la motivation d’écrire le Quintette à cordes en fa mineur. Apparemment, Borodine a d’abord reculé devant la proposition en disant “Un quintette à deux violoncelles est une entreprise difficile car il faut traiter deux parties instrumentales principales. Je ne suis pas capable d’écrire une partie de violoncelle à la fois belle et qui corresponde à la nature de l’instrument.”
    Borodine obtint son diplôme de l’Académie de médecine en 1856 et entreprit des voyages ponctuels en Europe afin de présenter des thèses et de poursuivre ses recherches en chimie. Le Quintette à cordes a probablement été composé entre 1859 et 1862 lorsque Borodine travaillait à Heidelberg avec le chimiste allemand Erlynmeyer.
     Dans son autobiographie, Ma vie musicale, Rimski-Korsakov décrit la maison de Borodine : “Pendant mes visites, je le trouvais souvent en train de travailler dans le laboratoire attenant à son appartement. Le voyant penché sur ses cornues remplies d’un gaz incolore, qu’il distillait à travers un tube d’un récipient à un autre, je lui disais qu’il ne faisait que transfuser du vide dans du néant. En terminant son travail, il m’accompagnait dans son appartement où nous commencions à pratiquer ou  à discuter de la musique. Mais subitement il se précipitait de nouveau dans son laboratoire pour vérifier si quelque chose n’était pas en train de brûler ou de déborder, tout en remplissant le couloir avec des incroyables séquences de septièmes ou de neuvièmes. Puis il revenait et nous pouvions recommencer à faire de la musique ou reprendre notre conversation interrompue.”