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Entremets Franco-Russes

Chers amis mélomanes  

Chambre à part vous souhaite une très belle et heureuse année musicale
que 2012 vous permette de partager la musique avec vos amis et vos proches
oui l'année sera belle et nous partagerons la musique

Nous continuons notre petite exploration de la musique de chambre et mettons en lumière ce que l'on n'entend pas par ailleurs.


"Entremets Franco-Russe", propose deux quintettes, le premier avec clarinette pour commencer l'année que nous allons dédier au centenaire de la naissance de Jean Françaix  http://www.jeanfrancaix.org/

"Entremets Franco-Russe" dimanche 22 janvier à Auditorium du Conservatoire de Lille à 11h programme détaillé ci après

Jean Françaix   Quintette pour clarinette et cordes
Alexandre Borodine  Quintette en fa mineur pour 2 violons, alto et 2 violoncelles

Ilaria Salinardi  clarinette

Aline Janeczek, Lucyna Janeczek   violons

Paul Mayes  alto

David Smolarski, Jacek Smolarski  violoncelles

 

10€ le concert tarif réduit 6€ pour les demandeurs d'emploi et 12-25 ans

réservations : lesamischambreapart@orange.fr ou +33 607 626 125

vous pouvez voir toute la saison 2011-2012 ici : saison 2011-2012

 venez nombreux partager la musique avec vos amis et vos proches

à dimanche, Ambre Chapart

 
Jean Françaix.jpgJean Françaix vit le jour dans une famille de musiciens. Son père, Alfred, pianiste et compositeur, était directeur du Conservatoire du Mans où sa mère enseignait le chant. Après des études précoces avec son père, Jean entra au Conservatoire de Paris où il obtint un premier prix de piano au sortir de la classe d’Isidor Philipp. A partir de dix ans, il étudia la composition avec Nadia Boulanger laquelle évoque a première fois qu’elle rencontra le jeune compositeur :
Un jour [de 1922], un enfant - Jean Françaix devait venir pour sa première leçon d’harmonie et je me disais: “Comment vais-je m'’y prendre?” Cela me tenait éveillée la nuit, je me tourmentais. Lorsqu’il est arrivé, je lui ai dit: “Tu sais, Jean, aujourd’hui nous allons travailler les accords ..
- Ah ! oui, comme cela ... ” et il me joue l’accord, avec l’air de bébé qu’il avait, car il était vraiment très enfant. Au bout de deux mois, j’ai dit à sa mère: “Madame, je ne sais pas pourquoi nous perdons du temps à lui faire travailler l’harmonie, il sait l’harmonie. Je ne sais pas comment, mais il la sait, il est né la sachant.”
Cette facilité naturelle pour la composition ne fut pas toujours à l’avantage de Françaix: la saveur ouvertement française de sa musique - abondant en charme simple et en humour communicatif - le fit accuser de légèreté et de manque de substance. Pourtant sa personnalité musicale franche et directe possède de fervents admirateurs. Ainsi en 1942 Poulenc, dans sa description de la scène musicale du Paris occupé, avait distingué Messiaen et Françaix comme des compositeurs à suivre. Poulenc appréciait en particulier l’attention qu’ils accordaient aux tendances musicales modernes. Si Messiaen jouait un rôle primordial de par le développement de son langage harmonique, Françaix s’illustrait par “l’air authentiquement français qu’il avait insufflé dans le néoclassicisme du début des années 1930.”
Françaix dédia son Quintette pour clarinette et quatuor à cordes (achevé le 11 avril 1977) au clarinettiste suisse Eduard Brunner. Un tendre adagio - avec la clarinette dévoilant une ample mélodie lyrique - annonce un allegro plein de gaieté. Le contraste naît d’une section centrale fluide qui permet une reprise sans accrocs du matériau thématique initial. Des tournures techniques sur un fond rythmique précis et bondissant dans le scherzando évoquent l’atmosphère d’un salon parisien. Le jeu subtil des éclairages entre les cordes (avec ou sans sourdine) et la clarinette dans le registre de chalumeau imprègne ensuite le grave avec une expressivité sombre. La nature méditative du mouvement est rapidement écartée puisque le quintette se conclut sur un rondo animé où les syncopes fluides et changeantes (notées “amoroso”) révèlent l’influence de Stravinsky, tandis que la cadence de la clarinette rend hommage au talent de Brunner.
Depuis la guerre, la musique de Françaix a été injustement décriée comme étant insignifiante et insensible aux derniers courants musicaux. Il est vrai que son style a peu évolué depuis les œuvres néoclassiques des années 1930 mais l’attrait des partitions de Françaix réside précisément dans son refus à changer. L’architecture est également conventionnelle mais la musique d’allure enlevée brille de ses rythmes pressants et de ses cellules mélodiques concises tandis que l’écriture évocatrice de la musique lente suggère l’univers sonore et les textures moelleuses du Quatuor à cordes en fa majeur de Ravel.
L’œuvre de chambre vient démontrer avec force que l’expression artistique de Françaix, d’une éternelle jeunesse et d’une constance fière continuera durablement à fasciner et à plaire.

 

Fils naturel du prince caucasien Luka Gedianishvili et d’une Russe, Avdot’ya Konstantinovna Antonova, Borodine.jpgAlexandre Porfirievitch Borodine prit le nom d’un serf de son père, comme le voulait la coutume, et reçut de sa mère, intelligente et belle, une éducation raffinée. A huit ans, il s’intéressait aux instruments d’une harmonie militaire, reproduisant au piano les marches et fanfares qu’il entendait, si bien que sa mère engagea le flûtiste de la formation pour lui donner des leçons. Lorsqu’il eut treize ans, sa mère le mit en pension avec un adolescent de son âge, Mikhail Chiglev : en même temps que ce dernier, il apprit le piano et les deux jeunes gens s’amusaient à déchiffrer à quatre mains les symphonies de Haydn, Beethoven et Mendelssohn. Ensuite ils apprirent seuls, Chiglev le violon, Borodine le violoncelle, afin de pouvoir jouer de la musique de chambre.
En 1850, il entre à l’Académie de médecine : passioné de chimie, ses professeurs lui reprochaient néanmoins le temps excessif qu’il consacrait à la musique. Dans cette même année il réunissait des amis musiciens afin de jouer et d’écouter de la musique de chambre, surtout des quintettes avec deux violoncelles. La plupart du temps, Borodine y assistait uniquement en observateur, ses capacités de violoncelliste autodidacte ne lui permettant pas souvent de participer activement aux séances.
Le 20 décembre 1862 il est nommé assistant à l’Académie de médecine, puis professeur titulaire le 28 avril 1864. Ainsi l’auteur du Prince Igor, violoncelliste amateur, compositeur à temps partiel, ne laissera que peu de partitions achevées de musique de chambre. Dans la première partie de sa vie furent écrites dix partitions, encore aujourd’hui non publiées parce qu’incomplètes ou perdues, d’après les manuscrits conservés à Léningrad. Les archives de Léningrad ont permis de publier en 1960 la partition d’un Quintette à cordes à deux violoncelles, en fa mineur, dont le manuscrit ne comportait pas de coda dans le mouvement final.
C’est sans doute le violoncelliste Ivan Gavrushkevich, leader de son ensemble d’amateurs, qui lui a donné la motivation d’écrire le Quintette à cordes en fa mineur. Apparemment, Borodine a d’abord reculé devant la proposition en disant “Un quintette à deux violoncelles est une entreprise difficile car il faut traiter deux parties instrumentales principales. Je ne suis pas capable d’écrire une partie de violoncelle à la fois belle et qui corresponde à la nature de l’instrument.”
Borodine obtint son diplôme de l’Académie de médecine en 1856 et entreprit des voyages ponctuels en Europe afin de présenter des thèses et de poursuivre ses recherches en chimie. Le Quintette à cordes a probablement été composé entre 1859 et 1862 lorsque Borodine travaillait à Heidelberg avec le chimiste allemand Erlynmeyer.
 Dans son autobiographie, Ma vie musicale, Rimski-Korsakov décrit la maison de Borodine : “Pendant mes visites, je le trouvais souvent en train de travailler dans le laboratoire attenant à son appartement. Le voyant penché sur ses cornues remplies d’un gaz incolore, qu’il distillait à travers un tube d’un récipient à un autre, je lui disais qu’il ne faisait que transfuser du vide dans du néant. En terminant son travail, il m’accompagnait dans son appartement où nous commencions à pratiquer ou  à discuter de la musique. Mais subitement il se précipitait de nouveau dans son laboratoire pour vérifier si quelque chose n’était pas en train de brûler ou de déborder, tout en remplissant le couloir avec des incroyables séquences de septièmes ou de neuvièmes. Puis il revenait et nous pouvions recommencer à faire de la musique ou reprendre notre conversation interrompue.”

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