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  • Trois quatuors à cordes "nationalistes"

    Chers amis mélomanes,

    Dimanche 12 décembre à 16h à l'auditorium du Palais des Beaux-Arts de Lille, ne manquez pas les quatuors n°1 de trois compositeurs nationalistes. Un grand concert avec entracte (nouvelle formule).

    Zoltan KODÁLY, Quatuor à cordes  no1 en ut mineur, op.2
    Karol SZYMANOWSKI, Quatuor à cordes no1 en ut majeur op.37
    Leoš JANÁČEK, Quatuor à cordes no1 “Sonate à Kreutzer”

    Olivier Lentieul  violon
    Pierre Delebarre  violon
    Paul Mayes  alto
    Stéphanie Mouchet  violoncelle

    venez nombreux écouter ces merveilleux quatuors

    Ambre Chapart

    prix des places 12€, renseignements / réservations lesamischambreapart@orange.fr  ou +33 607 626 125

    Kodaly.JPGLa plupart des musicologues à travers le monde qualifieraient Béla Bartók du plus important compositeur hongrois du 20e siècle, mais pour les hongrois il est dépassé comme patriarche et comme patriote par Zoltán Kodály. Tandis que les six quatuors de Bartók sont une pierre angulaire dans son œuvre, Kodály n’en produisit que deux, qui sont bien moins connus. Personne pourtant n’aurait pu être mieux préparé pour écrire des quatuors à cordes que Kodály. Il commença à jouer du violon à l’âge de dix ans et, quelques années plus tard, il apprit lui-même à jouer du violoncelle, dans le but précis de se familiariser avec le répertoire du quatuor à cordes. Il jouait aussi de l’alto dans une certaine mesure et il ne lui était pas impossible de jouer des trois instruments au cours d’un seul et unique événement.
    Le Quatuor à cordes no1 fut terminé en 1909 et l’œuvre fut créée le 17 mars 1910 à Budapest par le Quatuor Waldbauer qui avait mis un an et 90 répétitions pour l’apprendre par cœur. Certains des critiques de Budapest jugèrent le quatuor trop osé mais Bartôk, un défenseur infatigable de la musique de son collègue, arrangea aussi une exécution à Zurich en mai. En 1911, le Quatuor Waldbauer joua la pièce à Vienne, Amsterdam, Haarlem et Berlin.
    Le premier mouvement commence par un thème folklorique qui semble être présenté ici comme devise pour la composition en entier. Peu avant sa mort cependant, Kodály révéla que la vérité était exactement le contraire : quand il eut pratiquement achevé le mouvement, il remarqua que le premier thème ressemblait beaucoup à une chanson folklorique et sur ce, il ajouta le thème du chanson au début du mouvement. Au fur et à mesure que progressait la composition des autres mouvements, il utilisa le même matériel à plusieurs reprises. Le quatuor peut être décrit comme monothématique, une technique que Kodâly avait peut-être appris de la partition du Quatuor à cordes de Debussy - une œuvre qu’il connaissait si bien que, en 1907, il en écrivit le troisième mouvement de mémoire.
    Ce quatuor, la plus longue des œuvres instrumentales de Kodály, est sur une très grande échelle surtout en termes de structure. Le mouvement lent est une forme tripartite ; il est suivi d’un scherzo rythmiquement chargé. Le finale consiste en variations sur le thème d’ouverture. Il est intéressant d’observer que la quatrième variation fut écrite par la femme de Kodály, Emma Sándor.
    La jeunesse de Karol Szymanowski fut une période de vagabondage motivée par la pauvreté de la vie culturelle d’une Pologne qui était alors répartie entre la Russie, l’Autriche et l’Allemagne. Le compositeur, fils d’un propriétaire terrien assez riche, naquit dans le petit village de Tymoszowka, situé dans la région de Kiew, qui avait été annexée par la Russie lors des divisions de la Pologne au 18e siècle. Bien que Szymanowski suivît une formation musicale à Varsovie, c’est ailleurs qu’il se laissa largement influencer : à Berlin, où en 1905 il co-fonda la Maison d’édition de jeunes compositeurs polonais ; en Italie, où sa façon de vivre fut dionysiaque ; et à Vienne, où il passa les années précédant la première guerre mondiale. Les œuvres écrites au début de sa carrière témoignent d’une profonde connaissance de Scriabine, de Wagner et de Richard Strauss. Ces compositeurs lui servirent de modèles jusqu’à ce qu’ils soient remplacés par Debussy et Stravinsky vers 1913.

    L’engagement de  Szymanowski.JPGSzymanowski envers la jeune république polonaise se retrouve dans l’intérêt qu’il porta à la musique populaire polonaise qui donna à son style un aspect nouveau voire néo-classique.
    Les années de guerre que Szymanowski passa à Tymoszowka, dans la maison isolée de ses parents, furent vouées à l’étude de la culture islamique, préchrétienne et à celle de la Rome ancienne, ce qui donna la coloration mystique de la troisième symphonie appelée La chanson de la nuit.
    Le Quatuor à cordes op. 37, composé à l’automne 1917, représente le retour à la musique instrumentale absolue et montre en même temps son style particulier qui, malgré quelques allusions à Débussy, Schönberg et Bartók, se présente étonnamment indépendante.
    Szymanowski est maître dans l’art de créer un son continu et miroitant à l’aide de techniques telles que les harmoniques, le jeu sur le chevalet, le trémolo ou les glissandi. Des thèmes fixes sont remplacés par des gestes expressifs et le fait de varier la mélodie prend la place d’une construction à base de motifs. Dans le premier mouvement, après une introduction lente, seulement le thème principal a des contours précis, tandis que le thème secondaire se compose d’un mélange de voix extasiées toujours en train de se transformer ; le développement (scherzando alla burlesca) apporte un matériel nouveau : c’est presque un épisode indépendant, qui dévoile comment les fonctions de la sonate peuvent être librement réinterprétées avec esprit et fantaisie.
    Le mouvement lent révèle combien le compositeur pouvait présenter sa mélodie avec éclat, avec un clair-obscur de texture et d’harmonie qui, malgrè les transitoires moments plus sombres et plus poignants, n’obscurcit jamais le fil lyrique, merveilleusement simple, de l’ensemble
    Ce quatuor quelque peu déséquilibré se termine par un mouvement burlesque au rhythme furieux et dont chaque voix joue dans sa propre tonalité. En effet, il agissait, à l’origine, du scherzo d’une oeuvre en quatre mouvements avec une fugue en tant que finale, mais en automne de l’année 1917, dans la confusion de la révolution russe, le domaine de Tymoszôwka fut réduit en cendres et Szymanowski tomba dans une période de grande dépression pendant laquelle il n’écrivit pas une seule note. Ce fut seulement en 1924-5 que Szymanowski décida d’en faire un quatuor en trois mouvements.

    Les deux quatuors à cordes de  Janacek.JPGLeoš Janáček ont pour thème commun l’éternel dilemme des relations sentimentales humaines, oscillant d’une part entre le désir et une idée belle mais malheureusement souvent irréelle - et d’autre part la réalité posant au sentiment naturel de nombreux obstacles sous forme de conventions sociales. Ces deux morceaux sont d’une manière toute particulière à programme et leur déclaration concrète et leur expression suggestive en découlent.
    Le Premier quatuor “D’après la Sonate à Kreutzer de Tolstoï” fut écrit tres vite, du 30 octobre au 7 novembre 1923. Puis Leoš Janáček détruisit les ébauches du trio pour piano qu’il écrivait depuis 1909 sur le même thème il avait donc en tête depuis longtemps le thème de cette nouvelle de Tolstoï. Le Quatuor tchèque s’est chargé de la création le 17 octobre 1924. « …J’avais en tête une pauvre femme, tourmentée, battue, brisée, telle que l'écrivain russe Tolstoï la décrivait dans sa Sonate à Kreutzer,» écrivit Janáček à son amie Kamila Stösslová. Le Premier quatuor à cordes présente un profond drame psychologique, ce qui par lui-même est tout à fait nouveau dans ce genre.
    Le premier mouvement (exposition du récit tragique) est basé sur le thème principal - celui d’une jeune femme éprise. Ce motif a des affinités génétiques avec les thèmes d’amour de Katia Kabanová. Le motif sinistre de jalousie y apparaît brièvement et Janáček en était obsédé depuis 1894 quand il écrivit La Jalousie, mouvement court envisagé à l'origine comme prélude de Jénufa. Du point de vue forme le premier mouvement a celle d’une sonate librement conçue.
    Dans le deuxième mouvement (péripétie) un dandy, artiste et séducteur, apparaît sur scène. Son violon ainsi que la musique suggestive d’une sonate de Beethoven séduisent fortement l’âme aride de la jeune femme.
    Le troisième mouvement (crise) commence par une citation presque littérale du thème lyrique auxiliaire du premier mouvement de la sonate “Kreutzer” de Beethoven que Janacek rattacha organiquement à son thème du désir ainsi qu’à celui de la jalousie. La crise se développe - la musique agressive de la jalousie et des menaces alterne et s’entrelace avec les tons d’un amour passionné.
    Le quatrième mouvement (catastrophe) commence par le chant doux et désespérément esseulé d’une femme malheureuse. Le motif de surprise' - exprimé par les deux cris laconiques et hautains de l’alto - annonce la fin cruelle du récit: dans le saisissant Maestoso nous entendons aussi des motifs de souffrance de Tarass Boulba - ce sont là des archétypes des idées musicales concrètes de Janáček. C’est une catharsis merveilleusement dramatique avec un effet presque visuel.

     

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