Chers amis mélomanes,
comme vous le savez sans doute la Pologne fête sa re-naissance en tant qu'état moderne le 11 novembre, jour de l'armistice de la 1ère guerre mondiale.
Deux grand scompositeurs polonais sont à l'honneur cette année : Chopin aurait 200 ans et Paderewski 150 ans.
Chambre à part vous convie à un concert "anniversaires polonais" en ce dimanche 21 novembre à 11h à l'auditorium du Conservatoire de Lille.
des musiciens (presque) tous d'origine polonaise, chambristes extraordinaires vous proposent leur trio Paulina Sawicka-Pollet, piano, Stefan Stalanowski, violon, Jean-Michel Moulin, violoncelle
dans un programme polonais :
Paderewski : sonate pour violon et piano opus 13
Chopin : trio en sol mineur opus 8
ne manquez ce rendez-vous musical sous aucun prétexte, et amenez tous vos amis, mêmes s'ils ne sont pas polonais... lisez ci dessous le programme que vous a préparé Paul Mayes
comme à l'accoutumée, nous partagerons le verre de l'amitié avec les musiciens à la sortie du concert
Ambre Chapart
renseignements et réservation : lesamischambreapart@orange.fr ou tel +33 607 626 125
Ignacy Jan Paderewski (1860-1949) a joué un rôle exceptionnel dans l’histoire de la Pologne, non seulement comme musicien, mais aussi comme homme d’état, et enfin comme philanthrope.
Pianiste et compositeur porté aux nues dans le monde entier tout au long d’une carrière de plus de 50 ans, ses fortes sensibilités patriotiques lui valurent, en outre, d’être nommé, en 1919, au poste de premier ministre de la Pologne nouvellement indépendante. Ce pays avait connu l’occupation étrangère et la partition par l’Autriche, la Prusse et la Russie, depuis les années 1790, en conséquence de quoi la culture autochtone avait été au mieux mise sur la touche, au pire impitoyablement éradiquée.
Membre du Comité National Polonais dès le début de la Première guerre mondiale, il donna non seulement des concerts en Amérique en vue de rassembler des fonds pour la Pologne, mais organisa un Fonds de secours aux victimes polonaises, en Grande-Bretagne. Edward Elgar, coopté au comité, écrivit par la suite un prélude symphonique, Polonia (1915), dédié à Paderewski, qui se conclut sur une vibrante orchestration de l’hymne national polonais Jeszcze polska nie zginęla (“La pologne n’est pas encore morte”).
Il est à noter que la signature de Paderewski figure sur le Traité de Versailles en tant que Premier Ministre et Ministre des Affaires Étrangères du nouvel état polonais.
Paderewski consacra une grande part de sa fortune à aider ses compatriotes, notamment les artistes, et à soutenir divers projets et fondations. Il contribua ainsi à la construction de salles de concert et à l’érection de monuments dédiés à des musiciens et à des hommes célèbres, en Europe et en Amérique. De nombreuses distinctions honorifiques récompensèrent cette générosité. Enfin, la première guerre mondiale à peine terminée, Paderewski devint chef du gouvernement polonais et lutta pour le rétablissement de l’indépendance de son pays, absent des cartes politiques de l’Europe depuis plus de 100 ans. Ce grand homme d’état, ami d’artistes, d’écrivains et d’hommes politiques célèbres consacra les dernières années de sa longue vie à des œuvres caritatives.
Parmi ses meilleures compositions, la Sonate en la mineur, op.13 fut écrite en 1885, après ses études à Vienne, et dédiée à Pablo de Sarasate. Johannes Brahms la commenta ainsi : “Ceci est une œuvre brillante et subtile ; cependant, ce n’est pas de la musique de chambre, mais plutôt un morceau de concert.” Les qualités musicales de l’œuvre sont en partie dues à la collaboration étroite entre le compositeur et le célèbre violoniste Wladyslaw Gôrski. Paderewski lui fit appel à maintes reprises pour éditer ses compositions pour violon et leur nombreux concerts ensemble leur valurent des succès notables.
Si Frédéric Chopin (1810-1849) a confié l’essentiel de son inspiration au piano seul, celui-ci reste toujours présent dans son œuvre, associé à l’orchestre dans quelques œuvres de jeunesse, ou à la voix dans les mélodies. Dans la musique de chambre, qui n’occupe qu’une place très marginale de son œuvre, le piano se voit dangereusement concurrencé par un instrument favori : le violoncelle. En dehors du piano, ce fut le seul instrument pour lequel Chopin montra un intérêt réel et suivi. Il aimait sans doute lui confier le même type de mélodies puissantes et sombres qu’il écrivait pour la main gauche du piano. Deux amitiés, dans la vie de Chopin, ne furent pas étrangères à cette préférence. Dans sa jeunesse, il dédia deux œuvres pour violoncelle au Prince Anton Radziwill, aristocrate polonais et violoncelliste amateur. Plus tard, à Paris, il se lia avec le grand violoncelliste Auguste Franchomme, qui devint un de ses plus fidèles amis ; il composa pour lui le Grand Duo sur “Robert le Diable” et, à la fin de sa vie, la Sonate en sol mineur.
La composition du Trio op.8, commencée en février 1828, fut interrompue par le voyage de Chopin à Berlin ; sur le chemin du retour, il rendit visite au prince Anton Radziwill : ce célèbre mécène, gendre du roi de Prusse, gouverneur de Posen, violoncelliste et compositeur (auteur d’un Faust célèbre), témoignait à Chopin beaucoup d’amitié. Le Trio fut terminé l’année suiante, et parut simultanément, en 1833, chez Kistner à Leipzig, chez Schlesinger à Paris, et chez Wessel à Londres. L’accueil du public fut bon : à Leipzig, Schumann se déclara enchanté, et même le critique berlinois Rellstab (qui devait, par la suite, manifester la plus totale incompréhension de l’œuvre de Chopin) émit un jugement positif. Dans une lettre de 1830, Chopin déclara regretter le choix du violon, auquel il aurait dû préférer l’alto, - plus susceptible, selon lui, de s’accorder avec le violoncelle ; l’œuvre est en effet d’un coloris assez sombre, le violon se cantonnant dans le registre grave. Les innovations formelles, surtout, sont frappantes : Chopin prend visiblement ses distances avec les schémas classiques. L’œuvre apparaît, en définitive, comme une des réussites de la jeunesse de Chopin.