Ce dimanche matin le temps est bien maussade. Cela n’a pas découragé près de 300 mélomanes de se presser au bel Auditorium du Conservatoire de Lille pour communier avec Schubert et la musique de chambre.
Dans la coulisse les musiciens se préparent et vérifient leur matériel (de pêche ?). Dmitry Sitkovetsky chauffe sont beau Stradivarius de 1717 qui a appartenu à Nathan Milstein, Jacques Thibaut, Jaime Laredo, Salvatore Accardo. Jean-Michel Dayez arpège sur le piano parfaitement préparé par Francis De Clercq, Jean-Michel Moulin peaufine les phrasés l’esprit au firmament, Gilbert Dinaut dorlote et relaxe sa contrebasse, Paul Mayes retient son alto tout impatient de jouer.
Le Notturno D 897 pour commencer. Un bel adagio que Schubert composa pour son 1er trio mais auquel il préféra un andante. Très belle entrée en matière. Le décor musical est planté.
Le quintette La Truite D 667 peut débuter. La pluie qui fait résonner la verrière crée une atmosphère surréaliste. Dès les premières mesures, les musiciens ne font plus qu’un. Les phrases et les thèmes s’enchaînent parfaitement synchronisés. Chaque instrument relaie sa variation au 4e mouvement dont le thème va s’incruster dans les têtes pour le reste de la journée. D’où je suis j’admire la précision millimétrique et la pression calculée de l’archet de Dmitry Sitkovetsky, la danse frénétique des mains de Jean-Michel Dayez, le dodelinement de la Contrebasse. Il me semble que la caisse du violoncelle se gonfle d’aise devant sa grande sœur, et que l’alto la toise de ses couleurs mélancoliques.
La musique nous a paru si brève et si belle que le public en veut encore. « Pour redonner sa chance à la truite » nous dit Paul, les musiciens rejouent quatre variations. Dmitry remercie de l’avoir invité à jouer de la musique de chambre à Lille. Il dit l’importance que revêt à ses yeux la pratique de la musique vivante, stimulant l’instrumentiste et honorant le répertoire.
Quelle belle truite mes aïeux ! Une exécution à la perfection pour une pièce enjouée. Le public ovationne les artistes pendant de longues minutes.
Avec un mets de cette qualité, je crois bien que Francis Blanche n’aurait pas attrapé de l’urticaire…(chanson sur la Truite de Schubert interprétée par les Frères Jacques).
Ambre Chapart
Franz Schubert
Notturno pour piano et cordes, op.148
Quintette pour piano et cordes, op.114 “La Truite”
Allegro vivace Andante Scherzo Andantino Allegro giusto
Dmitry Sitkovetsky violon
Jean-Michel Dayez piano
Paul Mayes alto
Jean-Michel Moulin violoncelle
Gilbert Dinaut contrebasse